L’esprit de la loi bafoué
Le 30 novembre 2021, une loi a été adoptée par le Parlement pour, entre autres, renforcer les sanctions prévues en cas de sévices graves et d’actes de cruauté envers les animaux. Bien que le texte, travaillé en amont pendant de longs mois par les associations de défense animale, ait été vidé de sa substance dans les grandes largeurs, il demeure que l’interdiction de la vente de chiens et de chats dans les animaleries a été retenue et adoptée.
Depuis, on voit fleurir un peu partout sur notre territoire des évènements appelés « salons du chiot » au cours desquels des animaux sont présentés de manière séduisante afin de susciter l’achat, au mépris de l’esprit de la loi précédemment citée qui avait proscrit les ventes en animalerie afin de responsabiliser. Une disposition de la loi du 30 novembre 2021 prévoit également qu’un certificat d’engagement soit signé par les personnes qui souhaitent accueillir un animal au sein de leur foyer. Ce document s’accompagne d’une information sur les besoins de l’animal concerné et les contraintes occasionnées par ces mêmes besoins. Il doit être signé 7 jours avant l’arrivée de l’animal afin de permettre un délai de réflexion. On l’aura compris, l’esprit de la loi vise à éviter les achats impulsifs qui se soldent ensuite par des abandons, faute d’information sur l’animal tout comme d’une réflexion responsable en amont de l’achat ou de l’adoption.
On s’interroge dès lors sur ces fameux « salons du chiot » au cours desquels le chaland vient faire son choix en se promenant dans des allées bordées de jeunes animaux, s’extasie sur leur mignonnerie et où lui sont accordées des facilités de paiement décomplexées. Achat impulsif que justement, la loi en question voulait bannir. Nous parlons d’êtres vivants, d’êtres sensibles dont l’espérance de vie est globalement d’une quinzaine d’années.
La colère des acteurs de la protection animale
Nul besoin de préciser en préambule que les associations respectent scrupuleusement les dispositions relatives à la signature du certificat d’engagement. Pourtant, ce sont elles qui auraient le moins besoin d’appliquer le texte, puisqu’elle prennent toutes les dispositions pour qu’une adoption soit réussie : dialogue approfondi avec les adoptants – souvent accompagné de visites au domicile -, questionnement sur leurs motivations, mise en avant des contraintes liées à l’animal, informations sur son caractère. En outre, bon nombre d’entre elles exigent que les personnes viennent tout d’abord rencontrer leur futur compagnon avant de finaliser l’adoption. Il est vrai qu’en cas d’abandon, elles sont les premiers témoins de la détresse des animaux, qui perdent tous leurs repères et parfois, le goût de vivre. Il est également à souligner qu’elles ne peuvent refuser un animal, quel que soit le motif de son abandon, dès lors qu’il a été adopté dans leur structure.De plus, certaines ont indiqué avoir trouvé des documents qui attestent d’un achat à crédit dans des carnets de santé d’animaux qui leur ont été abandonnés. Elles sont donc légitimes à s’indigner d’évènements commerciaux durant lesquels l’achat – et non pas l’adoption – est immédiat et le dégagement de bénéfices la règle, alors même que ces mêmes associations sont en difficultés financières persistantes, refusent des animaux et s’appuient essentiellement sur la générosité des donateurs, les subventions publiques et le bénévolat.
Vœu municipal à Saint-Étienne
A l’occasion du Conseil municipal de la Ville de Saint-Étienne du 13 octobre dernier, deux vœux ont été déposés, à l’initiative des groupes d’opposition Saint-Etienne Demain et les Ecologistes. Les deux textes allaient dans le même sens : une requête auprès de la majorité afin qu’il soit mis fin aux salons du chiots au Parc des expositions. Le vœu n’a pas été adopté en l’état mais il a été remanié : à l’unanimité, les élus demandent au législateur d’interdire ces évènements.
Quoi qu’il en soit, onze structures seront présentes samedi 18 septembre 2025, à 14 heures, devant le Parc des expositions de Saint-Étienne pour protester contre la marchandisation des animaux dits « de compagnie » :
– la SPA de Saint-Etienne,
– l’ADA de Saint-Chamond,
– l’association Cœur sur pattes,
– l’association Anima,
– l’association Help Cats,
– l’APA Baldo,
– le Centre de Protection des Animaux,
– One Voice,
– le Web-Magazine Savoir Animal,
– La Ligue Des Animaux,
– le Parti animaliste.
Photo : B. Bourg
