Numéro 20Animaux domestiquesLettre à Lola Traverser le deuil animalier, une étoile à la fois

Irène Combres15 juillet 20259 min

Oser parler du deuil animalier. Oui, le deuil animalier, il est temps d’en parler. Ce sujet reste encore trop souvent relégué au silence, alors qu’il touche profondément celles et ceux qui aiment leur compagnon animal, comme un membre à part entière de leur famille. Perdre son lapin, son chien, son chat, sa souris, son NAC, son cheval, ou tout autre animal de compagnie, c’est vivre un véritable chagrin, une douleur du deuil souvent incomprise, minimisée, voire ignorée.

Aujourd’hui, je n’ai envie de parler que d’elle : Lola, ma star à quatre pattes. Mon héroïne. Celle qui a changé ma vie sans bruit, mais avec une intensité foudroyante. À travers elle, j’ai envie de rendre hommage à tous les liens uniques que nous tissons avec nos animaux, ces âmes fidèles qui nous accompagnent dans le quotidien et dans l’intime.

Je vous partage ici une lettre d’amour, une lettre de deuil, une lettre de vie. Parce qu’écrire, c’est ma manière de continuer à aimer. Parce que traverser le deuil animalier, c’est parfois rallumer une étoile, une allumette à la fois. Et parce que Lola continue de vivre à travers chaque lettre, chaque mot.

Il m’a fallu du temps avant de trouver l’énergie de déposer ici ces mots. Peut-être parce qu’en les posant, j’admets vraiment que tu n’es plus là. Et surtout, que tu ne reviendras pas. Et pourtant, tu es partout autour de moi. Dans mes gestes, dans mes pensées, dans les silences de la maison. Tu continues de vivre à travers moi. Aujourd’hui, j’ai envie de te parler, comme avant, comme toujours. Juste toi et moi.

Tu es entrée dans nos vies un jour de février 2022. Il faisait froid dehors, mais dans mon cœur, c’est une douce chaleur qui a commencé à s’installer. Tu avais déjà dix ans, et un passé que je ne connaissais pas. Il y avait ces questions que tu semblais te poser, te demandant sûrement ce que tu faisais là… Il y avait cette façon que tu avais d’observer le monde comme si tu en connaissais tous les secrets.

J’avais simplement prévu d’ouvrir notre porte à un autre compagnon abîmé par la vie. Mais toi, jolie étoile, tu avais prévu de chambouler la mienne.

On avait déjà Coco, notre petit york, et Léon, un autre bouledogue français. Et il y avait encore l’ombre douce de Lily, qui nous avait quittés seulement deux mois plus tôt. J’avais le cœur assez grand pour accueillir un autre petit être. Et toi, ma douce Lola, tu l’as rempli sans bruit. Avec ta truffe humide et tes yeux emplis de questions.

Je me souviens du jour où je t’ai vue à la SPA de Gennevilliers. Tu avais été abandonnée une semaine plus tôt. Dix ans, c’est vieux, paraît-il. Mais pas pour moi. Pas pour nous. Tu étais parfaite. Tu étais toi. Tu étais Lola.

Ah, ce sacré caractère bien trempé, un mélange d’autorité et de tendresse. Une vraie commère, toujours à l’affût, toujours en train d’observer ce qui se passait autour de toi. Rien ne t’échappait. Tu étais la gardienne silencieuse de notre petit monde.

Je me souviens de ton joli museau qui apparaissait dès qu’un inconnu franchissait notre porte. Tu régentais tout cela d’un œil malicieux, mais quand tu venais te blottir dans mes bras, tu devenais douce et apaisée. C’est là que tu étais le mieux. En tout cas, je le crois. Et moi aussi, d’ailleurs.

Tu étais une star. La mienne. La nôtre. Et comme toutes les stars, tu avais cette lumière qui brille même dans la nuit. Ce que je chéris le plus aujourd’hui, ce sont nos moments à deux. Ces instants volés à la course du temps. Quand tout le monde dormait et que toi et moi, on se racontait des choses…

Tu as traversé tant d’épreuves, ma Lola, en seulement deux ans. Et tu l’as fait avec une dignité qui m’émeut encore. Le premier cancer, celui de la truffe, on l’a combattu ensemble. Moi à tes côtés, toi si forte, si combattante. Puis le second, celui du cerveau, plus sournois, plus cruel. Quinze séances de radiothérapie. Quinze. Et à chaque fois, tu m’enseignais le courage silencieux.

Tu étais une guerrière déguisée en bouledogue. Nos soirées sont gravées dans ma mémoire. Nos nuits aussi. Les câlins, les petits gestes, les regards échangés. Ces moments simples sont devenus, avec le temps, mes plus grands trésors.

Et puis il y a eu ce jour. Celui que je redoutais, que j’ai refusé d’envisager jusqu’au bout. Tu n’avais plus de force. Je t’ai dit que j’étais là, que je ne te laisserais pas seule. Je te l’avais promis. Que tu pouvais t’en aller, que je m’en sortirais sans toi (pieux mensonge). Alors, dans le silence de la maison, dans ton panier, entourée de ta famille, tu es partie. Et mon cœur s’est brisé. Ce n’était pas seulement la fin d’une vie. C’était la fin d’un monde. Le nôtre.

Depuis, je crois que je marche un peu de travers. Il manque quelque chose. Toi. J’ai perdu beaucoup d’animaux dans ma vie. Trente-quatre avec toi. Et je les ai tous aimés, profondément. Mais toi, Lola… Toi, tu es partie avec un très gros morceau de mon cœur.

Tu l’as emporté sans demander la permission, comme si c’était une évidence. Mais tu m’as laissée pleine de toi. Deux années. Seulement deux années. Et pourtant, j’ai l’impression qu’on a vécu une vie entière ensemble.

Ton départ m’a laissée vidée. J’étais ton aidante, ta soignante, ta confidente. Je connaissais ton souffle, ton rythme, tes besoins. Et soudain, le néant.

Mais aujourd’hui, je veux te dire merci. Merci pour ta confiance. Merci pour ton amour. Merci pour ta lumière. Merci de m’avoir choisie. Merci d’avoir existé.

Tu es toujours là, tu sais. Dans mes gestes, dans mes pas, dans mon regard. Je continuerai à adopter. À tendre la main à ceux qu’on croit trop vieux, trop malades, trop cabossés. Parce que c’est grâce à ça que je t’ai connue. Et que je referais ce choix mille fois.

Lola, ma star, mon amour, mon guide. Je ne te dis pas adieu. Je te dis à chaque instant. Je te dis à demain, dans un rêve, dans un battement de cœur, dans un coin de ciel. Je te dis que je t’aime. Que je t’aimerai toujours. Et que tu es, pour toujours, gravée en moi.

Merci d’avoir illuminé ma vie. J’espère que tu as retrouvé ma maman et qu’ensemble, vous veillez un peu sur moi. Je me dis que, chaque fois que le manque est très fort, c’est sûrement parce que vous êtes en train de parler de moi.

Avec tout mon amour, pour l’éternité, Ta mhum (ta maman humaine)

PS : Et vous qui me lisez, peut-être traversez-vous cette douleur-là en ce moment. Sachez qu’il n’y a pas de “petite” peine. La perte d’un animal, c’est une véritable perte d’amour. Le deuil animalier mérite qu’on le nomme, qu’on l’honore et qu’on l’écoute.

Et si vous ne savez pas par où commencer, peut-être que vous aussi, vous pouvez écrire une lettre. Pour dire merci. Pour dire je t’aime. Pour continuer à faire vivre ce lien unique. Parce qu’aimer un compagnon animal, c’est un amour qui ne s’arrête jamais.


Irène Combres
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Coach Certifiée en Deuil Animalier

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