Les associations de protection de la Nature déploient une énergie remarquable pour préserver la biodiversité dont les espèces déclinent à une vitesse très inquiétante. Pour elles, il vaut continuellement la peine de nous battre pour tenter d’assurer leur survie face à des politiques successives qui n’y portent aucun intérêt particulier.
Pourtant, nous sommes une espèce parmi les autres et à mesure de leurs disparitions, s’accroit le risque de la nôtre.
Il est donc d’un intérêt général que de s’engager ensemble pour veiller à sauvegarder toutes les espèces animales et végétales ; veiller à préserver leurs habitats, respecter leurs cycles biologiques et encadrer d’une manière rigoureuse leurs prélèvements, sans avoir peur de les interdire.
Surtout quand il s’agit des espèces dont on ne parle que trop rarement malgré qu’une sur cinq soit menacée de disparition en France selon l’UICN, c’est alarmant !
Peu visibles, silencieuses, juste sous la surface d’une eau de plus en plus rare, ces espèces subissent de plein fouet la présence et les activités humaines, qui polluent et gaspillent l’eau, dégradent leurs habitats, méprisent leurs périodes de reproduction et compromettent leur survie : il s’agit DES POISSONS D’EAU DOUCE.
Cumulé à toutes ces difficultés environnementales qui tendent à s’aggraver avec le réchauffement climatique, le prélèvement exercé par la pêche dite de loisir sur certaines espèces est dangereux s’il n’est pas rigoureusement adapté à la ressource naturelle offerte par le milieu dans lequel il s’effectue.
Cette facette de la pêche dont l’impact réel est trop souvent sous-estimé par le grand public est la pression de trop pour certaines espèces de poisson.
Les prélèvements autorisés, pourtant encadrés par l’administration, sont souvent trop permissifs et causent un préjudice considérable aux populations les plus vulnérables dont il ne reste, pour certaines espèces, que quelques géniteurs sauvages.
Alors engagé plus de 15 ans dans le monde associatif de la pêche dite de loisir, élu Président l’Association Agréée de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique (AAPPMA) et vice-président d’une fédération de pêche, je n’ai que trop vite compris, sans toutefois en faire une généralité, les difficultés d’acceptation, par une majorité de dirigeants élus, de la mission statutaire qui les oblige à la protection du milieu aquatique, dont les poissons font partie intégrante.
Ce manque de considération propulse vers une disparition certaine les espèces endémiques et plongent dans la vulnérabilité toutes les autres espèces, pourtant naturellement prolifiques, faisant paradoxalement de ces honorables structures qu’ils dirigent, jusqu’alors seules associations de France en charge de la protection du milieu aquatique, des structures inadaptées à la protection durable de nos poissons, en les relayant au rang des accessoires à une échelle départementale.
Car bien au-delà de notre devoir moral d’Homme, que de veiller à ce que nos activités n’impactent que peu les autres espèces, on ne peut accepter que la vie de nos poissons endémiques reste encore si légèrement considérée au bénéfice d’alevinages de poisson de pisciculture.
Ces alevinages, incitant au prélèvement maximal, font perdurer dans la tête de chaque pêcheur qu’il est possible de puiser à l’infini dans un milieu défini sans qu’il y ait de conséquences graves sur l’état de conservation de nos espèces de souche.
Ils ont aussi pour conséquence d’augmenter la pression de pêche, d’accentuer le prélèvement des poissons sauvages présents dans le milieu et de favoriser les pollutions génétiques.
Certaines techniques de pêche, notamment la pêche au vif, devraient être interdites et les hameçons sans ardillon devraient être obligatoires pour limiter les risques de blessure, de souffrance et de mortalité.
Ces constats ont décuplé mon inquiétude et motivé mon intention de créer LIPPEVA, la Ligue de Protection des Poissons et des Espèces Vulnérables et Autochtones, qui a pour objet statutaire d’agir pour la protection de la nature, de la faune et de la flore aquatique, des poissons autochtones ou vulnérables et de leurs habitats, du bon équilibre des écosystèmes aquatiques, de l’eau et de la conservation du patrimoine, tant piscicole que naturel.
LIPPEVA ne milite pas pour l’abolition de la pêche mais pour voir, entre autres, se généraliser la pêche NO KILL sur nos espèces endémiques.
Car grâce à la présence des pêcheurs sur les berges, bon nombre de pollutions et de perturbations sont identifiées. Bien encadrée, cette pêche NO KILL est inoffensive ; le poisson étant remis à l’eau sur le lieu de capture, vivant et immédiatement.
Les missions statutaires de LIPPEVA satisferont donc également cette catégorie de pêcheurs, puisque nos convictions nous mènent aux mêmes objectifs : DÉFENDRE ET PRÉSERVER NOTRE PATRIMOINE PISCICOLE NATUREL.
Désormais, les poissons, comme toutes les espèces vulnérables et autochtones pourront compter LIPPEVA parmi leurs défenseurs.
Photo © Romain PHILIPPE, Vice Président fondateur de LIPPEVA, fervent défenseur et adepte exclusif de la pêche NO KILL.
Tous les poissons photographiés avec le plus grand respect ont donc retrouvé leur liberté immédiatement après capture.
Raphaël Guenot
Président fondateur de LIPPEVA