ActualitésAnimaux sauvagesLa chasse à courre au mépris des lois

Convention Vie et Nature7 novembre 20248 min

La chasse à courre, appelée aussi vènerie, consiste à traquer des animaux sauvages jusqu’à leur épuisement puis les achever avec violence.

Ce n’est pas une chasse de « régulation » affirment les veneurs puisque l’animal traqué s’en sort 3 fois sur 4, c’est donc pour le plaisir de la traque, une chasse-loisir.

En sortir vivant, pour les cerfs et sangliers peut-être, mais pour les chevreuils, lièvres et renards c’est peu probable, ils finissent souvent dévorés vivants par les chiens : pas de curée pour eux !

C’est une chasse en grande pompe, certains à cheval avec redingotes, chapeaux, sonneries de trompes, cérémonial spécifique jusqu’à la curée, c’est-à-dire un simulacre avec la peau de l’animal dépecé agité devant la meute de chiens et les badauds, et même une bénédiction lors de messes de Saint-Hubert. C’est une chasse accompagnée d’une armée de suiveurs, à pied, à vélo ou en voiture, spectateurs et acteurs de la traque. Il y a eu 150 « amis de la vènerie » ce 26 octobre 2024 en forêt d’Orléans.

Les animaux traqués fuient pour sauver leur vie face à cette armée de plusieurs cavaliers et plusieurs dizaines de chiens ainsi que l’armada d’accompagnement.

Ainsi, les victimes animales sortent parfois de leur habitat naturel forestier pour se réfugier où ils peuvent et parfois en zones urbanisées à proximité desquelles une règlementation interdit, depuis 2019, la poursuite de la chasse à courre avec obligation de retirer les chiens et gracier l’animal.

Par ailleurs, il est interdit de chasser chez autrui sans autorisation, ce qui interdit toute intrusion en propriété privée.

Or, le public constate régulièrement la violation des règlementations, notamment :

  • Le 30 mars 2024 intrusion dans un jardin privé par des veneurs et des chiens de chasse dans les Deux-Sèvres. [1]
  • Le 19 octobre 2024 intrusion dans un centre équestre en Seine-Maritime. [2]
  • Le 26 octobre 2024 poursuite de la chasse à courre à proximité d’une zone de loisirs dans le Loiret. [3]

Les veneurs jurent leurs grands dieux respecter les règles malgré les témoignages et vidéos démontrant le contraire.

Leurs communiqués de presse sont grandiloquents sur leur éthique et respect des autres usagers et habitants. Ainsi celui relatif aux faits du 26 octobre dans le Loiret indique la fermeture de la baignade tout en reconnaissant l’existence de la zone de promenade avec des gens qui y circulent.

Par ailleurs, l’office du tourisme indique à l’étang des bois : un parcours de promenade, des sanitaires ouverts jusqu’en octobre et pendant les vacances scolaires de la Toussaint, un restaurant et autres activités toute l’année. [4]

C’est donc un lieu dans lequel s’applique l’obligation d’arrêter la chasse et de gracier l’animal.

D’autant plus qu’un veneur a crié « hallali » comme l’indique la vidéo, l’interdiction règlementaire portant entre autres sur l’hallali courant :

Article 7 de l’arrêté vénerie modifié le 25 février 2019, 1er alinéa : « En grande vénerie, lorsque l’animal est aux abois ou au ferme (sur ses fins, pris, forcé ou hallali courant) et qu’il se trouve à proximité d’habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d’établissements accueillant du public, il est gracié. ».[5]

Les veneurs en donnent la définition : « Hallali : Etat de l’animal lorsqu’il est forcé par les chiens. Lorsqu’il continue à courir difficilement, il est hallali courant ; quand il fait tête aux chiens qui l’aboient, il est hallali sur pied ; quand il est mort, il est hallali par terre. »

Le fait confirmé par les veneurs que le cerf traqué a réussi à sortir de l’étang des bois pour se réfugier dans un étang voisin où il a été tué confirme qu’il y a bien eu hallali courant.

L’équipage prétend avoir l’autorisation de chasser à proximité de la base de loisirs de l’étang des bois, confirmé par le département du Loiret dans la presse. [6]

« Le département du Loiret, contacté par France Bleu Orléans rappelle avoir signé une convention avec les Fédérations de Chasse et de Pêche afin d’organiser ses activités sur certaines propriétés départementales, y compris le domaine du canal d’Orléans dont l’étang des Bois fait partie. Ce samedi 26 octobre le département n’avait pas spécifiquement était prévenu de cette chasse à courre, mais selon lui : “Il appartient au responsable de la chasse de juger le droit de suite, au regard de la fréquentation du site à ce moment-là, et des risques d’accident et de troubles à l’ordre public. »

Cette précision interroge sur la responsabilité du département du Loiret qui, d’une part, ne prend pas de disposition de sécurité publique sur un site de loisirs accueillant du public dont des enfants par rapport à une activité cynégétique à risque et, d’autre part, laisse le responsable de la chasse, c’est-à-dire le maître d’équipage, juger du trouble à l’ordre public de son activité !

Pourtant le président du Conseil départemental du Loiret prend certaines mesures de sécurité publique autour de l’étang des bois.[7]

Le maire de la commune prend également des mesures de sécurité publique autour de l’étang des bois. [8]

Un maître d’équipage peut-il décider de s’affranchir de la loi et être seul juge du risque éventuel de sécurité publique ?

La hiérarchie des normes vient contredire ces petits arrangements entre amis !

En effet, la convention départementale avec la fédération des chasseurs ou l’évaluation personnelle du maître d’équipage sur le risque de troubles à l’ordre public sont sans légitimité par rapport à l’arrêté ministériel de 2019 visant à limiter les incidents en fin de chasse à proximité des lieux habités.

Que pensent les élus, les habitants du Loiret et le public de cette convention pour 9 ans avec les chasseurs. [9]

On retrouve ce même mépris des lois lors de la chasse à courre du 19 octobre 2024 en Seine-Maritime avec l’intrusion dans le centre équestre propriété privée.

La vidéo montre le cerf poursuivi et mordu par la meute de chiens, au milieu des chevaux et des installations équestres.

Le cerf a été abattu par arme à feu au milieu des maisons.

Il y a manifestement une violation de l’article 7 de l’arrêté ministériel puisque la chasse n’a pas été arrêtée, les chiens n’ont pas été retiré et le cerf n’a pas été gracié.

Même si les responsables du centre équestre ont laissé entrer les veneurs pour récupérer les chiens de chasse, la violation de l’arrêté ministériel persiste.

A aucun moment on entend les veneurs rappeler leurs chiens et ils ne démontrent pas avoir tout fait pour empêcher l’intrusion des chiens de chasse dans le centre équestre.

L’interdiction de la poursuite de la chasse à proximité des lieux habités s’applique aussi en propriété privée ! L’autorisation du propriétaire des lieux est sans incidence sur la règlementation. Le Conseil d’Etat a d’ailleurs statué sur le sujet par son arrêt du 22 février 2022 Pont-Sainte-Maxence.

Encore ce même mépris des lois lors de la chasse à courre au chevreuil du 30 mars 2024 avec l’intrusion dans un jardin privé des chiens de chasse et des veneurs.

A aucun moment les veneurs n’ont rappelé leurs chiens et n’ont rien fait pour arrêter la chasse avant l’arrivée dans le hameau.

Une plainte a été déposée.

Ce comportement récurrent des équipages de chasse à courre perdure à cause de l’inaction fautive des autorités administratives puisque la violation de l’arrêté ministériel devrait entrainer la suspension ou le retrait de l’attestation de meute, document exigible pour la pratique de la chasse à courre. [10]

Les troubles à l’ordre public sont fréquents également sur les voies de circulation avec les accidents.

Les autorités judiciaires peuvent aussi être saisies, encore faut-il que des plaintes pénales soient déposées !

Cette chasse-loisir consistant à poursuivre jusqu’à épuisement un animal sauvage pour le plaisir est d’une grande inhumanité.

79% des français sont favorables à l’interdiction de la chasse à courre (sondage IFOP 2024. [11]


[1]https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/deux-sevres/la-chasse-a-courre-se-finit-dans-leur-jardin-en-deux-sevres-on-vit-tres-mal-cette-intrusion-0b54de94-ef4d-11ee-aeb0-1ed1900e85aa

[2]https://www.youtube.com/watch?v=prmcczjAVt8

[3]https://www.facebook.com/watch/?v=921337219322348

[4]https://www.loiret.fr/sites/loiret/files/media/documents/2023/06/Depliant_BASEDELOISIRS_EtangdesBois_BAT.pdf

[5]https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000677032/2024-11-06/

[6]https://www.francebleu.fr/infos/societe/cerf-traque-sur-la-base-de-loisirs-de-l-etang-des-bois-les-chasseurs-contredisent-les-accusations-d-ava-france-8896740

[7]https://vieillesmaisons.fr/wp-content/uploads/sites/484/2022/05/arrete-interdiction-circulation-et-stationnement-acces-camping.pdf

[8]https://www.loiret.fr/sites/loiret/files/media/documents/2022/03/2022_BOIS_AR_PERMANENT.pdf

[9]https://www.loiret.fr/sites/loiret/files/media/documents/2020/07/BODL%20de%20la%20CP%20du%2018%2006%202020.pdf

[10]https://www.loiret.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement-eau-chasse-peche/Chasse-peche-et-faune-sauvage/Chasse/Attestation-de-meute

[11]https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2024/02/IFOP120567-Presentation-30MA-29.01.2024.pdf

Photo : ©PACCT-Rambouillet : https://www.facebook.com/PACCT.Rambouillet


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