À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, l’ONG World Vision souhaite interpeller sur l’urgence écologique et rappeler combien les enjeux environnementaux sont indissociables du bien-être des enfants et des populations vulnérables. Instituée par l’Organisation des Nations Unies lors de la Conférence de Stockholm en 1972, la Journée mondiale de l’environnement est célébrée dans le but de sensibiliser et mobiliser les citoyens, les gouvernements et les entreprises autour des grands enjeux écologiques de notre époque.
2025 : l’humanité face au piège du plastique
La thématique retenue cette année – #Combattre la pollution plastique– met en lumière un fléau qui, silencieusement, envahit chaque recoin de la planète, du sommet des montagnes aux abysses océaniques, en passant par nos corps. La production mondiale de plastique a atteint près de 460 millions de tonnes en 2023, selon l’OCDE, et pourrait doubler d’ici 2050 si aucune mesure drastique n’est prise. Or, seulement 9 % de ces plastiques sont recyclés efficacement à l’échelle mondiale. Le reste est incinéré (environ 19 %), mis en décharge (50 %), ou finit son parcours dans la nature.
Chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle de plastique est déversé dans les océans. Les conséquences sont dramatiques : plus de 100 000 mammifères marins et un million d’oiseaux meurent chaque année à cause des déchets plastiques. Les filets de pêche abandonnés, appelés « filets fantômes », représentent à eux seuls près de 46 % du plastique flottant dans le gyre du Pacifique Nord.
La menace est aussi invisible qu’omniprésente. En 2024, une étude publiée dans Environmental Science & Technology estimait qu’un adulte pourrait ingérer jusqu’à 50 000 particules plastiques par an, par l’alimentation, l’eau et l’air. Au-delà de la santé humaine, les conséquences socio-économiques sont majeures : la pollution plastique coûte aux économies maritimes mondiales plus de 13 milliards de dollars par an, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, en raison de la dégradation des écosystèmes, de la baisse du tourisme, de l’impact sur la pêche et de la perte de biodiversité.
Face à ce constat accablant, 2025 s’inscrit comme une année charnière. Un traité mondial juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique est en cours de négociation sous l’égide des Nations Unies. L’accord, attendu d’ici fin 2025, vise à réduire la production de plastique vierge, à bannir les plastiques à usage unique les plus nuisibles, et à renforcer les infrastructures de collecte et de recyclage, notamment dans les pays du Sud, qui subissent de plein fouet l’exportation de déchets plastiques par les pays industrialisés.
La lutte contre la pollution plastique ne peut réussir sans une transformation systémique : repenser les modèles de production, adopter des alternatives durables, et responsabiliser les producteurs via des mécanismes de responsabilité élargie. Il s’agit également de soutenir l’innovation, de financer les solutions locales, et d’impliquer les citoyens à tous les niveaux, depuis les choix de consommation jusqu’au plaidoyer politique.
Enfants et populations vulnérables : premières victimes du dérèglement climatique
Les conséquences du changement climatique se font sentir avec une intensité croissante, affectant de manière disproportionnée les enfants et les populations les plus vulnérables. En 2024, plus d’un milliard d’enfants vivaient dans des zones à risque climatique élevé.
En Somalie, la sécheresse prolongée – accentuée par le phénomène El Niño – a entraîné une crise alimentaire majeure, forçant plus de 1,4 million de personnes, dont une majorité d’enfants, à se déplacer. En Asie du Sud, les inondations en Inde et au Bangladesh ont submergé des villages entiers, perturbant l’accès à l’eau potable et aux structures éducatives.
Les ouragans de catégorie 5 se sont multipliés dans les Caraïbes, tandis que les vagues de chaleur extrême en Europe ont battu des records historiques : près de 62 000 décès liés à la chaleur ont été enregistrés sur le continent en 2024.
Ces dérèglements mettent en péril les droits fondamentaux des enfants, notamment leur droit à la santé, à l’éducation et à la sécurité.
La régénération Naturelle Assistée : faire repousser l’espoir, un arbre à la fois
Dans les régions du monde les plus exposées aux effets du changement climatique, des solutions simples, peu coûteuses et profondément durables peuvent transformer des paysages dévastés en terres vivantes. C’est le cas de la Régénération Naturelle Assistée (RNA) ou Farmer Managed Natural Regeneration, une technique agroforestière innovante que World Vision déploie depuis plusieurs décennies, avec des résultats spectaculaires. Développée et popularisée par Tony Rinaudo, agronome australien, la RNA permet de restaurer la végétation dans les zones arides, sans avoir à replanter de nouveaux arbres.
Son principe repose sur l’identification et la protection des systèmes racinaires existants, enfouis sous terre mais encore vivants, souvent issus d’anciens arbres abattus. En sélectionnant les jeunes rejets qui poussent naturellement, en les taillant pour favoriser leur croissance, et en les protégeant du bétail et de l’exploitation, les communautés permettent aux arbres de repousser à partir de leurs racines profondes. Cette pratique favorise une repousse rapide, naturelle et adaptée aux conditions locales, sans dépendre de semis importés ou d’infrastructures lourdes.
Depuis les années 1980, cette méthode a permis de restaurer plus de 6 millions d’hectares de terres dégradées au Niger, où plus de 200 millions d’arbres ont été régénérés, transformant des régions entières autrefois désertifiées en paysages fertiles. Outre le reboisement, la RNA améliore les rendements agricoles, favorise l’humidité des sols, enrichit la biodiversité locale et réduit l’érosion.
La RNA bénéficie aussi d’un impact social profond : elle renforce l’autonomie des communautés rurales, mobilise les agriculteurs dans des actions concrètes, et constitue un levier de résilience face à la sécheresse. En Éthiopie, au Ghana ou encore au Kenya, des milliers de villages ont adopté cette technique, réduisant leur dépendance à l’aide extérieure.
Pour son action pionnière, Tony Rinaudo a reçu en 2018 le prestigieux Right Livelihood Award l’équivalent du prix Nobel alternatif. Aujourd’hui, World Vision poursuit activement le déploiement de cette méthode dans ses programmes, convaincue que la lutte contre le dérèglement climatique passe aussi par des solutions locales, reproductibles et porteuses d’espoir.
Des solutions locales aux engagements globaux : l’action environnementales de World Visions
La RNA illustre l’approche de World Vision : des solutions simples, durables et communautaires pour restaurer les écosystèmes et renforcer la résilience des populations. Cette philosophie guide l’ensemble des initiatives environnementales de l’ONG, qui s’étendent bien au-delà de la RNA pour répondre aux multiples défis posés par le changement climatique.
En 2023, World Vision a formé 88 000 agriculteurs aux pratiques de la RNA, contribuant à la régénération de 15 millions d’hectares de terres dégradées dans 26 pays. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à améliorer la gestion des ressources naturelles et à promouvoir des pratiques agricoles durables.
- Par exemple, au Kenya, le programme IMARA a été mis en place pour accroître la résilience des ménages face aux chocs climatiques. Ce programme intègre la gestion intégrée des ressources naturelles, la résolution des conflits liés à l’utilisation des terres, et le soutien aux activités économiques durables.
- Au Bangladesh, World Vision a lancé l’initiative des “villages éco-friendly”, où les communautés adoptent des pratiques telles que la permaculture, le compostage, l’utilisation de biopesticides, et la culture en jardins flottants pour s’adapter aux conditions climatiques changeantes.
- En Ouganda, l’ONG travaille à la régénération de terres arides pour lutter contre la désertification et améliorer la sécurité alimentaire des populations vulnérables.
Un avenir encore possible, porté par l’action collective
Ces actions de terrain sont autant de preuves qu’un autre avenir est possible. Malgré les constats alarmants, des millions d’acteurs, d’ONG, de collectivités et de citoyens agissent déjà chaque jour pour inverser la tendance. Grâce à leur engagement, des écosystèmes se restaurent, des enfants respirent un air plus sain, des communautés retrouvent des moyens de subsistance.
En 2024, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement signalait que les efforts mondiaux pourraient permettre de réduire la pollution plastique de 80 % d’ici 2040 si les engagements actuels sont tenus et renforcés. Les énergies renouvelables représentent désormais plus de 30 % de la production mondiale d’électricité, et dans plusieurs pays du Sud, des programmes communautaires de régénération écologique comme ceux de World Vision montrent une voie concrète vers un avenir plus équilibré.
En cette Journée mondiale de l’environnement, l’heure n’est plus à la résignation mais à l’amplification de ce qui fonctionne. World Vision rappelle que l’urgence est là, mais l’espoir aussi – enraciné, vivant, en croissance.
A propos de World Vision France
Dans le monde, certains appels sont moins entendus que d’autres.
Celui des enfants en particulier. Depuis 75 ans, World Vision International est la première ONG au monde dédiée à soulager la souffrance des enfants là où les pauvretés frappent le plus.
Présent dans près de 100 pays, elle intervient aussi bien en situation d’urgence humanitaire que dans des projets de développement à long terme, via le parrainage d’enfants. Grâce à son approche globale et intégrée, les équipes locales travaillent en étroite collaboration avec les populations pour répondre à leurs besoins essentiels tels que l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable et la lutte contre les violences

Camille Romain - des Boscs
Directrice Générale / CEO chez World Vision France
Association humanitaire