Mesdames et Messieurs, Chers amies, chers amis
Nous sommes réunis ici pour un moment exceptionnel et profondément symbolique. En tant qu’adjointe au maire de Grenoble, déléguée à la Condition animale, je me tiens devant vous, avec une émotion certaine, pour inaugurer cette stèle commémorative en hommage aux animaux ayant servi et péri pour la France.
Ce geste marquant n’est pas simplement une plaque de plexiglass, mais un véritable cri de reconnaissance pour des êtres vivants qui, sans choix, ont partagé les horreurs des conflits armés à nos côtés.
Depuis des siècles, les animaux ont été nos compagnons de bataille, nos éclaireurs, nos messagers, nos meilleurs alliés, les plus innocents et dévoués.
Ils ont supporté des conditions extrêmes, affronté les dangers du front, et trop souvent, ils ont payé le prix de leur vie pour des combats qui n’étaient pas les leurs.
Pendant les deux guerres mondiales, des millions d’entre eux ont été réquisitionnés. Des pigeons, des chevaux, des chiens, tous unis par un destin commun tragique.
Saviez-vous qu’environ 8 millions de chevaux ont été mobilisés durant la Première Guerre mondiale, dont près d’un million pour l’armée française ?
Mais la majorité d’entre eux n’est jamais revenue, victimes des combats, de la malnutrition et de l’épuisement.
Plus de 20 000 chiens ont servi, jouant des rôles cruciaux, comme détecteurs de mines ou éclaireurs, sauvant ainsi d’innombrables vies humaines.
Aujourd’hui, je pense aussi à “Cher Ami”, ce pigeon héroïque qui a permis de sauver 194 soldats américains en transmettant un message essentiel.
Permettez-moi de rendre aussi hommage à Magawa, un rat de Gambie, formé et utilisé jusqu’en 2021 au Cambodge pour déminer des terrains contaminés par des mines anti personnelles. Grâce à son intelligence et à son odorat exceptionnel, il a permis de sauver un grand nombre de vies humaines et de rendre des terres inutilisables aux habitants, en détectant plus de 100 mines et engins explosifs non explosés, déminant l’équivalent d’un terrain de football en seulement 20 minutes.
Cette reconnaissance faite aux animaux existe dans de nombreux pays, ainsi, en 2020, Magawa a été honoré de la médaille PDSA (c’est une récompense britannique de renommée mondiale et remise à un animal qui vise à souligner sa « bravoure et son dévouement face au devoir), devenant ainsi le premier rat à recevoir cette distinction. Bien qu’il ait pris sa retraite en 2021, son héritage perdure, montrant que même les animaux les plus dénigrés et rejetés par l’humain aujourd’hui, peuvent avoir un impact significatif et redonner espoir aux communautés touchées par les conflits armés.
Aujourd’hui, nous ne faisons pas que rendre hommage à leur sacrifice. Nous affirmons notre devoir de mémoire.
En tant que société, nous avons la responsabilité et le devoir de ne pas oublier ceux qui ont souffert pour notre liberté, qu’il s’agisse d’êtres humains ou d’animaux, qui auront dorénavant un lieu de commémoration à Grenoble.
Nous honorons ainsi leur intelligence, leur loyauté, leur courage et leur dévouement exceptionnel au devoir allant jusqu’à donner leur vie aux humains qu’ils aimaient.
Cet hommage ne se substitue pas à celui que la Nation rend à ses soldats, mais s’y additionne, élargissant de ce fait notre mémoire collective.
Environ 16 millions d’animaux ont perdu la vie au cours de la Première Guerre mondiale. Leur souffrance, leur sacrifice, méritent aussi notre reconnaissance.
Cette stèle est également une opportunité de sensibilisation et d’éducation. Elle nous permet de reconnaitre l’extraordinaire contribution des animaux à la société humaine, célébrant cette relation si forte et particulière qui existe entre animaux et humains. Elle nous rappelle l’importance vitale de notre relation avec les autres animaux et les rôles souvent invisibles qu’ils ont joués dans notre histoire et qu’ils jouent au présent.
Une plaque commémorative peut être un puissant outil pédagogique, éveillant les consciences et inspirant des réflexions sur notre responsabilité envers toutes les vies sentientes.
Aujourd’hui, en 2025, en France, la majeure partie de la population française soutient les mesures en faveur de la protection animale. Ce soutien grandissant témoigne d’une évolution de notre société, qui commence à reconnaître la valeur de toutes les vies, y compris celles des animaux qui ont servi notre nation.
En conclusion, l’installation de cette stèle est un geste profondément symbolique. Elle reconnaît non seulement le sacrifice des animaux, mais également leur place dans notre histoire. Cet hommage rappelle que la mémoire collective doit inclure tous ceux qui, sans défense ni choix, ont partagé les dangers du front avec nous.
En honorant leur mémoire aujourd’hui, nous nous engageons à ne jamais oublier leur contribution. Ensemble, faisons en sorte que leur sacrifice ne soit jamais oublié, et persévérons dans la défense des droits de tous les êtres sensibles et conscients, qui continuent à être exploités et à souffrir par millions chaque jour en France et par milliards dans le monde.
Aujourd’hui, nous faisons un pas de plus vers un avenir où la compassion et le respect pour toutes les vies sont au cœur de nos valeurs. Un pas supplémentaire vers une élévation du statut des animaux dans la société, vers une reconnaissance de leur droit à exister et vivre pour eux-mêmes.
Je vous remercie.

Sandra Krief
Adjointe au maire de Grenoble
Co-présidente du Parti Animaliste