Alors que les activités de pêche s’apprêtent à reprendre le 21 février dans le Golfe de Gascogne, les dauphins communs de l’Atlantique Nord-Est se retrouvent à nouveau menacés. Le Fonds international pour la protection des animaux appelle le gouvernement français à mettre en place des mesures ambitieuses pour garantir un avenir durable à cette population.
La multiplication des captures de dauphins communs de l’Atlantique au cours des dernières années représente une menace inquiétante pour la conservation de l’espèce, pouvant la mener à l’extinction avant la fin du siècle. Face à ce constant, la mise en place d’une suspension des activités de pêche dans le Golfe de Gascogne, effective entre le 22 janvier et le 20 février 2024, avait été imposée par le Conseil d’Etat.
« Au cours des dernières années, de nombreux dauphins, dépassant parfois le millier d’individus ont été retrouvés morts sur les côtes du golfe de Gascogne, tués par les filets de pêche. Pourtant la grande majorité de ces victimes collatérales n’arrive pas jusqu’au rivage. Selon les données scientifiques, seuls 10 à 20% des dauphins capturés s’échouent sur le rivage, les autres coulent au fond de l’océan. Pour la seule année 2021, cela représente presque 9000 dauphins tués par l’industrie de la pêche », déclare Noé Swynghedauw, chargé de campagnes pour le Fonds international pour la protection des animaux.
Certains acteurs du secteur prônent l’utilisation de dispositifs techniques (pingers) comme solution miracle. Pourtant, à ce jour, leur efficacité pour réduire les captures de cétacés fait toujours débats dans la communauté scientifique. Il est essentiel de les améliorer, de renforcer leur efficacité et surtout, de les utiliser avec précaution afin de pas apporter de nouvelles nuisances aux espèces marines peuplant le golfe.
« Pour véritablement changer la donne, la pêche doit changer de paradigme. Conformément à la législation européenne, la France et les Etats membres doivent répartir les droits de pêche selon des critères économiques, sociaux et environnementaux.Pourtant, ces deux derniers critères ne sont pas du tout pris en considération en France » insiste Noé Swynghedauw.
Face à ce constat, IFAW appelle le gouvernement français à mettre en place des mesures ambitieuses et à sérieusement considérer les options suivantes :
- À court terme, les fermetures de la pêche sont bien les mesures les plus efficaces pour protéger les dauphins du Golfe de Gascogne.
- À moyen terme, les projets de recherche et les expérimentations de dispositifs techniques pourront apporter de nouvelles solutions afin de réduire les captures.
- Enfin, IFAW appelle le gouvernement français à faire évoluer en profondeur le système et les politiques de la pêche afin d’accompagner les pêcheurs dans une transition juste et durable. Cela doit notamment passer par une meilleure répartition des subventions et des droits de pêche sur la base des performances sociales et environnementales des pêcheries.
Pour information :
- 1 314 petits cétacés ont été retrouvés échoués morts sur les côtes atlantiques (du 1er décembre 2022 au 3 avril 2023) dont 91% étaient des dauphins communs. (Observatoire Pelagis, Bilan des échouages au cours de l’hiver 2022-2023)
- La plupart d’entre eux sont morts pris dans des filets de pêche. Cependant, le nombre total d’animaux tués est bien plus élevé.
- Entre 2019 et 2021, plus de 9000 dauphins ont été tués par an dans le Golfe de Gascogne. Source ICES 2023
- Faute de mesures plus ambitieuses, la population de dauphins communs de l’Atlantique Nord-Est pourrait bien s’éteindre avant la fin du siècle. (E. Rouby et al., Note technique sur la viabilité de la population de dauphin commun de l’Atlantique Nord-Est, 2022)
Photo : ©Anna Cuknell
IFAW
Le Fonds international pour la protection des animaux est une organisation mondiale à but non lucratif qui aide les animaux et les hommes à cohabiter harmonieusement.