ActualitésAnimaux domestiquesFourrières : quand l’argent public sert à des abattages de masse d’animaux, comme à la SACPA de Betton

One Voice6 mai 20256 min

Ils s’appelaient Rocky, Mika, Jazz, d’autres n’avaient même pas de nom. Ils ont été tués en toute légalité, avec nos impôts. Il y a quelques semaines, nous relayions la gestion calamiteuse de la SACPA de Vaux-le-Pénil. La direction s’empressait de démentir et annonçait même dans la presse porter plainte contre le lanceur d’alerte et One Voice. Aujourd’hui, ce sont les témoins des atrocités perpétrées quotidiennement sur nos compagnons par le même groupe, à Betton, près de Rennes, qui dénoncent à leur tour. « Je ne compte plus les fois où sur le trajet du travail, j’ai eu envie de pleurer, vomir, faire demi-tour… J’avais… peur des euthanasies… ». Nous déposons plainte et demandons à ce que la gestion de cette fourrière soit retirée au groupe.

Les témoignages reçus sont glaçants. Des animaux brutalisés par les responsables, certains arrivant blessés laissés sans soins à agoniser, des protocoles d’« euthanasies » d’une cruauté inouïe, qui se pratiquent sans sédation préalable pour les chats, causant leur mort dans d’atroces souffrances. D’autres placés vivants dans les congélateurs d’équarrissage. La détention illégale d’animaux sauvages. Le tout au sein de locaux vétustes. La fourrière de Betton, conventionnée, est financée par plus de 200 villes d’Ille-et-Vilaine.

“Monsieur A a donc pris la chienne au lasso qui ne se débattait même pas et qui était coincée dans le fond de son box, terrorisée, je n’oublierai jamais son regard… Je suis partie en intervention en larmes.”

En France, la gestion des animaux errants est financée par l’enveloppe budgétaire des déchets des communes. Les municipalités ont l’obligation de conclure un contrat de service public avec une fourrière et de lui verser une dotation annuelle. Quand un chien ou un chat en divagation est capturé, il est conduit entre quatre murs, et pour certains, c’est dans ce lieu sombre et froid qu’ils passeront leurs derniers jours, avant de recevoir une injection létale en plein cœur. Tout ceci est parfaitement légal et payé par le contribuable. C’est la méthode qu’a choisie la France pour « réguler » errance et abandons…

Les employés sont eux-mêmes victimes de ce système. « On nous fait ravaler notre empathie à grands coups de “si tu veux sauver des animaux, c’est pas ici qu’il faut bosser” ». Lorsqu’ils dénoncent des abus, ils sont ignorés. Parfois, ils sont même « punis » par leurs supérieurs qui utilisent les abattages comme sanctions :

Il y a eu un jour une chatte qui s’est échappée de son box et qui avait des petits (ils étaient sains, hormis l’un d’eux qui avait un coryza tout à fait soignable et mangeaient seuls), les chatons ont été euthanasiés pour punir les personnes qui avaient mal fermé la porte du box ! Monsieur A et Monsieur B ont alors dit “ça vous apprendra à faire plus attention la prochaine fois”.

Nos dernières recherches nous ont permis d’établir une liste — non exhaustive — de 243 fourrières en France. Mais il n’existe à ce jour aucun registre public permettant de comptabiliser leur nombre officiel au niveau national. Comment est-il possible que l’État ne soit pas en mesure de fournir des chiffres clairs et précis sur le nombre d’animaux qui y entrent et en ressortent, ni dans quel état ? Restitués à leur famille, transférés dans un refuge, abattus ? Occulter l’ampleur des pratiques condamnables est le meilleur moyen de les faire perdurer, et pour la SACPA, d’engranger des profits, scandaleusement.

Nous déposons plainte contre les responsables de l’établissement, contre le vétérinaire qui y intervient et contre le groupe SACPA pour les faits suivants :

– L’exercice d’une activité de garde de chiens et de chats sans respecter les normes relatives aux locaux et aux installations, fait prévu et réprimé à l’article R. 215-5 du Code rural et de la pêche maritime (CRPM) ;
– Le délit résultant des mauvais traitements exercés volontairement à l’encontre des animaux placés sous la garde, prévu aux articles L.214-3 et R.214-17 du CRPM et réprimé à l’article L. 215-11 du CRPM ;
– Le délit résultant de sévices graves et actes de cruauté envers un animal domestique ou apprivoisé, prévu et réprimé à l’article 521-1 du Code pénal ;
– Le délit d’atteinte volontaire à la vie d’un animal, prévu et réprimé à l’article 522-1 du Code pénal ;
– Le délit de harcèlement moral envers les salariés, prévu et réprimé à l’article 222-33-2 du Code pénal.

Nous demandons l’ouverture d’une enquête et le retrait du marché public octroyé à ce prestataire pour la fourrière de Betton. Nous appelons le public à signer notre pétition réclamant la fin de ces massacres et exigeant une transparence totale sur le sort des animaux abandonnés.

Photo : ©One Voice


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