L’Île Maurice est l’un des principaux pays pourvoyeurs de singes pour l’expérimentation animale. En infiltrant ce milieu bien gardé, les enquêteurs de One Voice sont parvenus à rapporter des images et des témoignages exclusifs sur des pratiques scandaleuses.
Elles sont sept « fermes » d’élevage implantées sur l’Île Maurice, au plus près de l’habitat naturel des primates qu’elles commercialisent pour l’industrie mondiale de l’expérimentation animale. Chaque année, Bio Culture, Noveprim, Biodia, Biosphere, Les Campeches Ltd, Cynologics et Le Tamarinier expédient plus de 10 000 macaques à longue queue vers des laboratoires aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Espagne et… en France. Au sein de l’Union européenne, notre pays est même l’un des principaux importateurs de ces primates pourtant classés en danger de disparition sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.
Infiltration périlleuse
Officielles, ces usines à singes peuvent être « visitées » si l’on s’en remet, bien sûr, à leurs services de direction rompus à l’exercice de les présenter sous leur meilleur jour. Nous avons préféré nous introduire en coulisses pour observer de plus près leur fonctionnement et dévoiler la réalité du quotidien des animaux qui y sont séquestrés. Au prix d’énormes risques, nos enquêteurs sont parvenus à infiltrer six d’entre elles. Ce qu’ils ont découvert confirme ce que nous suspections : de nombreux singes sont régulièrement pris au piège en forêt afin d’alimenter en « chair fraîche » les élevages et maintenir une diversité génétique.
Capturés dans la nature
Les renseignements fournis à nos enquêteurs par des lanceurs d’alerte souhaitant rester anonymes sont clairs… Recroquevillés derrière les mailles des filets, les macaques à longue queue sont souvent prisonniers depuis plusieurs jours quand les trappeurs viennent relever leurs pièges au fond de la jungle. Affamés, assoiffés, les adultes et les bébés n’ont que la force de se serrer les uns contre les autres dans des gestes désespérés… Et c’est sans la moindre résistance, terrorisés, qu’ils se laissent encager violemment dans les caisses de transport. Les humains se moquent de leur détresse.
Bons pour la reproduction ou tués
Bientôt, les détenus sont tatoués avec un numéro d’identification. Ils sont également soumis à une batterie de tests pour contrôler leur état de santé. Les blessés lors de la capture, infertiles, malades ou atteints d’une simple affection cutanée, sont tués sans sourciller : poubelle. Quant aux autres, ils rejoignent les « volières », où sont déjà enfermés des dizaines de leurs congénères, pour servir de reproducteurs. Nous montrons leurs conditions de détention misérables où le stress est partout palpable. En raison de la promiscuité des cages, les épidémies sont légion, de tuberculose (TB) notamment. Les employés procèdent alors à des abattages massifs : jusqu’à 200 singes par jour !
Les bébés pour les labos
Théoriquement, les bébés de première génération échappent à l’expérimentation au sein de l’Union européenne : soumettre les macaques F1 à des tests y est interdit depuis novembre 2022. Mais en pratique… peu de monde s’en soucie et les labos encore moins. Dans tous les cas, les primates sont condamnés à la captivité et la souffrance leur vie durant.
Nous savions déjà – grâce aux documents auxquels nous avons eu accès, puis aux preuves que nous avons récoltées à propos de la plate-forme Silabe, rattachée à l’Université de Strasbourg – que les petits singes étaient exportés par centaines de lots en France à l’âge seulement d’un an et demi. Cette enquête nous a appris qu’ils sont arrachés aux bras de leurs mères dès 6-8 mois pour les habituer précocement au contact humain et leur apprendre à se montrer dociles.
Imprégnés comme il se doit, ils sont ensuite « fin prêts », à exécuter les ordres au doigt et à l’œil pour subir des procédures douloureuses dans notre pays, en Europe et Outre-Atlantique.
En finir avec ce scandale !
Cette enquête s’inscrit dans la lignée de nos actions constantes pour mettre un terme à l’utilisation des macaques dans les laboratoires. Nous avons déjà obtenu d’Air France qu’elle mette un terme à leur transport. Il faut aller plus loin. Forts de nos dernières révélations, nous comptons sur les décideurs publics pour prendre leurs responsabilités et faire que la situation change.
Voici des années que des députés expriment leurs préoccupations à la Commission européenne au sujet du piégeage de macaques sauvages à Maurice. Les autres doivent suivre leur exemple et nos dirigeants ne plus reculer devant les lobbies de l’expérimentation animale. Ces derniers avancent souvent masqués pour mieux imposer leurs lois. Ils se présentent, par exemple, comme des « chercheurs du CNRS » plutôt que d’afficher clairement qu’ils sont des représentants du Gircor*…
Nous comptons sur le public pour nous aider à interpeller les autorités en signant notre pétition pour en finir avec l’importation, le commerce et l’utilisation des macaques à longue queue en France et dans l’Union européenne.
Vous trouverez des informations supplémentaires sur ce site : singes-de-labo.fr/maurice2023.
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* Groupe Interprofessionnel de Réflexion et de Communication sur la Recherche
Photo : ©One Voice
5 commentaires
Branco Isabelle Anne
21 juillet 2024 à 0h47
C’est immonde !
Ces pauvres créatures ne demandaient qu’à vivre libres et heureux.
Ils ressentent la douleur et la souffrance, comme nous.
Garziano
28 novembre 2023 à 23h03
Pour que ces horreurs puissent s’arrêter !!!!!! La honte de notre pays !!!!
Pascal
28 novembre 2023 à 22h21
Quand l’humain arrêtera de se considérer plus intelligent que les animaux le monde se portera mieux
Maille
28 novembre 2023 à 14h25
Arrêtons de considérer les animaux comme des marchandises, des objets incapable de ressentir la peur, la douleur.
Notre futur est lié à la faune sauvage et biodiversité
Contou
28 novembre 2023 à 9h57
Parce que c’est barbare et ignoble, et que ça dure depuis trop longtemps.