ConsommationActualitésEnquête : des cafards dans des élevages Cooperl de la Filière Qualité Carrefour

L214 Ethique & Animaux27 novembre 20259 min

Ce jeudi 27 novembre, L214 révèle une enquête menée dans deux élevages de cochons situés à Plénée-Jugon et Éréac (Côtes-d’Armor), appartenant à Bernard Rouxel, président de la Cooperl, leader de l’industrie porcine en France. Ces élevages intensifs, dans un état sanitaire alarmant, approvisionnent la Filière Qualité Carrefour. L214 porte plainte et appelle Carrefour à s’engager à respecter le Plant Protein Pact pour réduire la part des produits issus de l’élevage intensif et faire baisser le nombre d’animaux abattus pour alimenter ses rayons.

Les deux élevages comptent un total de 8 200 animaux et présentent un état sanitaire préoccupant. Les bâtiments sont infestés de cafards qui grouillent sur les murs, sur les barrières et jusque dans les mangeoires des animaux.

Des cochons sont malades (hernies, paraplégies…) ou blessés, certains à l’agonie, d’autres sont déjà morts.

Les animaux vivent sans accès à l’extérieur, dans une grande promiscuité, la plupart sur un sol bétonné. Les truies pour la reproduction sont enfermées la moitié de leur vie dans des cages qui ne leur permettent même pas de se retourner. Des porcelets chétifs sont tués par claquage.

Les élevages de Plénée-Jugon (7 000 cochons) et d’Éréac (1 200 cochons) fournissent en tranches de jambon, lardons et rôtis la marque Filière Qualité Carrefour. Bernard Rouxel est président et éleveur adhérent de la Cooperl, leader français du porc. Il est à la fois propriétaire et gérant de ces deux élevages.

Les images datent des mois de septembre, octobre et novembre 2025.

Le docteur en médecine vétérinaire Bertrand Chefneux, à qui L214 a présenté les images, explique les risques d’une infestation de cafards : « Les cafards peuvent transporter des pathogènes : bactéries E. Coli, Salmonelles etc, des virus, des champignons, des moisissures, des spores ou des parasites, contaminant ainsi les aliments, l’eau, les équipements, le matériel, les différentes surfaces etc. De plus, comme ils peuvent se faufiler partout dans les bâtiments, les fosses à lisier, les réserves de nourritures etc, ils sont des vecteurs mécaniques entre des zones qui ne devraient pas être en contact (zones propres et sales). Ils vont donc être potentiellement responsables de l’augmentation du risque de diarrhées ou d’autres maladies digestives, d’une baisse de croissance, d’infections secondaires, d’infections parasitaires etc. »

→ Consulter l’avis vétérinaire complet

L214 porte plainte contre ces élevages pour mauvais traitements aux animaux commis par un professionnel, et contre Carrefour pour pratiques commerciales trompeuses auprès du procureur du tribunal judiciaire de Saint-Malo. La plainte a été déposée ce mercredi 26 novembre.

Carrefour a pris connaissance de l’enquête ce mercredi 26 novembre et indique suspendre ses approvisionnements en provenance de l’élevage SCEA Rouxel de Plénée-Jugon. Au regard de l’horreur des images révélées, et de la mise en avant de cet élevage par la Filière Qualité Carrefour, cette décision est le minimum. Cependant, elle passe à côté de l’essentiel.

Réduire la consommation de protéines animales est aujourd’hui un impératif reconnu par la communauté scientifique pour répondre aux urgences éthiques, environnementales, sanitaires et sociales. En France, près de 80 % des achats alimentaires sont réalisés en grande distribution : les enseignes ont donc un rôle majeur à jouer dans cette transition. Pour faire reculer l’élevage intensif – qui concentre les pires conditions d’élevage – il est indispensable de transformer progressivement l’environnement alimentaire, en rendant les alternatives végétales accessibles, visibles et attractives.

C’est pourquoi L214 a présenté, au mois d’avril dernier, le Plant Protein Pact à la direction RSE de Carrefour France. Depuis, elle attend que l’enseigne s’engage à le respecter.

Ce pacte appelle les enseignes de la grande distribution à faire évoluer leurs ventes de protéines, en réduisant fortement la part des protéines animales, afin que les protéines végétales représentent au moins 60 % des ventes d’ici 2030.

Pour réussir cette transition, les enseignes doivent notamment :

  • réduire la place accordée aux produits issus de l’élevage intensif et en arrêter les promotions et publicités ;
  • mettre en avant les protéines végétales : celles-ci doivent être bien visibles en rayon, et au moins une option végétale doit être moins chère que son équivalent d’origine animale.

Pour Sébastien Arsac, directeur des enquêtes : « 65 % des Français et des Françaises souhaitent diviser par deux le nombre d’animaux tués pour l’alimentation et appellent à ce que les supermarchés s’en donnent les moyens. Carrefour doit prendre ses responsabilités en s’engageant dans le Plant Protein Pact et en réduisant drastiquement la part des produits issus de l’élevage intensif dans ses rayons. »

Ce samedi 29 novembre, L214 déroulera un ticket de caisse de 12 m de long, symbole des 330 000 animaux abattus chaque jour (estimation) pour Carrefour, devant 35 supermarchés de l’enseigne. Des actions menées par les militants de l’association qui permettront d’appuyer la demande de réduction de 50 % du nombre d’animaux tués d’ici 2030.

1. La Cooperl est un groupe coopératif agroalimentaire français. C’est le premier groupement d’éleveurs de cochons en France (3 038 éleveurs adhérents).


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