Révision de la législation : L214 et Invader interpellent le Parlement européen
Une action est en cours à Bruxelles ce lundi 23 juin : L214, aux côtés d’une dizaine d’ONG européennes, organise un happening devant le Parlement européen, en partenariat avec le street artiste français Invader. Un tifo (banderole) conçu avec l’artiste est déployé place du Luxembourg pour dénoncer l’élevage intensif. Cette mobilisation s’inscrit dans une campagne d’envergure européenne exigeant une réforme de la législation « bien-être animal ». Les associations interpellent les eurodéputés sur place et leur demandent de s’engager pour une réforme majeure de la loi.
« We need more space ! »
Après une première mobilisation à Strasbourg en février dernier, L214 se mobilise à nouveau pour défendre les animaux et porter les attentes citoyennes, en s’associant à Invader, figure majeure du street art mondial. Le message de cette action, « We need more space! », alerte sur les densités effroyables autorisées dans les élevages intensifs : l’équivalent d’une feuille A4 par poulet, et parfois aucun minimum légal, comme c’est le cas pour les lapins. Ce manque d’espace physique pour les milliards d’animaux élevés en Europe fait écho au peu d’espace accordé aux animaux dans le débat politique.
Un tifo représentant un lapin en cage, conçu avec Invader, est déployé par une cinquantaine de bénévoles devant le Parlement européen, place du Luxembourg. Le happening s’accompagne d’une interpellation des députés européens sur place, invités à prendre position en faveur d’une réforme ambitieuse en apposant leur signature sur un engagement porté par les ONG. Celui-ci compte déjà près de 80 signataires, issus de plusieurs pays et groupes politiques.
En parallèle de cette action, L214 invite les citoyennes et les citoyens à participer à la mobilisation en demandant directement aux députés européens de s’engager, via le site uncagethelaw.eu.
La mobilisation est également visible dans Bruxelles : une campagne d’affichage conçue avec Invader porte la revendication dans les rues, le métro (du 24 au 30 juin) et à l’aéroport (du 22 au 29 juin).
Face au recul de la Commission, les eurodéputés doivent passer à l’action
En 2023, la Commission européenne a cédé à la pression des lobbies de l’élevage : après avoir promis une révision ambitieuse de la législation sur le bien-être animal, elle n’a présenté qu’une proposition insatisfaisante sur le transport des animaux, abandonnant l’essentiel des réformes prévues : des règlements sur l’élevage, l’abattage et l’étiquetage.
Aujourd’hui, la Commission semble tenter de sauver la face en parlant de « modernisation » de la législation. Mais les prises de parole du Commissaire européen chargé du dossier, Olivér Várhelyi, laissent présager des ajustements purement symboliques, sans garanties concrètes pour les animaux et loin des promesses initiales.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « 84 % des Européens estiment que le “bien-être animal” doit être mieux protégé dans leur pays. Ce chiffre seul devrait suffire à faire bouger les lignes. La Commission s’est pliée aux exigences des lobbies agricoles. Il est temps que les eurodéputés s’engagent en faveur des animaux, des attentes citoyennes et des recommandations scientifiques ! ».
Une législation obsolète, quand elle n’est pas inexistante
La législation européenne sur le « bien-être animal » est à la fois obsolète et lacunaire. Certaines pratiques délétères persistent malgré l’évolution des connaissances scientifiques, notamment :
- l’élevage en bâtiment fermé, qui prive la majorité des animaux d’un accès à l’extérieur,
- une sélection génétique axée sur la productivité, qui entraîne des souffrances considérables,
- le broyage systématique des poussins mâles dans la filière ponte,
- des mutilations douloureuses comme la coupe de la queue et la castration à vif des porcelets, ou encore l’épointage du bec des oiseaux,
- l’enfermement des truies dans des cages de gestation et de mise-bas pendant la moitié de leur vie,
- des densités extrêmes dans l’élevage des poulets de chair, atteignant plus de 20 oiseaux par m² en France.
De nombreuses espèces ne sont même pas couvertes par une réglementation minimale : les vaches, les dindes, les lapins ou encore les poissons.
Invader, un artiste engagé pour les animaux
Le street artiste végétarien, dont les œuvres en mosaïque s’affichent sur les murs de grandes métropoles partout dans le monde depuis plus de 25 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà participé à plusieurs reprises à des actions de sensibilisation d’ONG de la cause animale, comme celles de PETA ou de l’Association végétarienne de France.
« Cela fait des années que je suis et que je soutiens le travail effectué par l’association L214. Ses actions et ses campagnes d’information ont grandement contribué à éveiller les consciences et à réduire les atrocités commises envers le monde animal, même s’il reste malheureusement encore beaucoup à faire dans ce domaine. Je suis fier aujourd’hui de pouvoir me joindre à elle et de la soutenir dans ses missions. » Invader
Invader associe ici son univers pixelisé et son célèbre personnage Space Invader aux demandes portées au niveau européen par L214. « We need more space! », accroche-fusion des deux univers, exprime avec force les conditions de vie terribles des animaux dans les élevages intensifs français et européens, et l’urgence pour les élus d’y mettre un terme.
