ActualitésAnimaux domestiquesCorrida et financement public : 1,5 million d’euros saisi auprès du délégataire de service public de Nîmes

Catherine Martin14 juin 20253 min

Simon Casas, dont l’entreprise Simon Casas & Co est délégataire de service public auprès de la ville de Nîmes pour l’organisation des corridas, a été entendu par le parquet financier le jeudi 12 juin 2025. Cette mesure fait suite à la parution du rapport sur le financement public des corridas établi par la Chambre régionale des Comptes d’Occitanie. Simon Casas est soupçonné de blanchiment de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux.

Nous avions déjà communiqué, par un article publié le 10 mars 2025 sur les irrégularités pointées par la CRC d’Occitanie sur les financements publics de la corrida. Or, le fait n’est pas nouveau. En 2015, le député ligérien Jean-Louis Gagnaire, alors président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, avait posé une question écrite au Gouvernement par laquelle il interpellait Bercy au sujet “des entreprises organisatrices de spectacles de tauromachie [qui] appliquent à leurs activités un taux réduit de TVA dans l’optique de générer des recettes supplémentaires.” Le Bulletin Officiel des Finances Publiques – Impôts a communiqué la teneur de l’arrêt rendu par le Conseil d’Etat le 15 février 2019 qui tranche la question de manière précise : “la corrida est un spectacle qui ne s’assimile pas aux spectacles de variété relevant du taux réduit de taxe sur la valeur ajoutée (TVA).” En d’autres termes, la TVA applicable à la corrida est de 20 % contrairement à ceux reconnus par le Ministère de la Culture dont le taux applicable est de 5,5 %.

Nous n’avons de cesse de dénoncer le financement public de la corrida et l’opacité dont il s’entoure. Déficitaire, la corrida ne se maintient que grâce à l’argent public. Ce point est fondamental. Plusieurs communes ont décidé de ne plus programmer de tauromachie espagnole du fait d’un budget qui ne le leur permet pas. Ce motif se voit parfois couplé à des considération éthiques. Or, cela démontre que sans financement public, il n’y a plus de corridas. La situation financière de la France commande des restrictions budgétaires qui se déclinent bien évidemment à l’échelon local. La fragilité économique demande des adaptations. Ainsi, il est permis de s’interroger sur le financement public d’une pratique rejetée par 80 % des Français, tous sondages confondus, et qui en outre, est reconnue par le Code pénal comme « des sévices graves » et « des actes de cruauté » envers les animaux mais qui bénéficie d’une exemption de poursuites pénales dans certaines communes.

Si la corrida est rendue possible par une exception à la règle commune qui punit les actes de cruauté et les sévices graves sur les animaux – selon des considérations géographiques – il n’en est pas de même avec les finances publiques. L’égalité est de mise en matière d’impôt. On apprend ainsi que la somme de 1,5 million d’euros a d’ores et déjà été saisie à partir des comptes bancaires de la société Simon Casas & Co et transférée auprès de l’AGRASC (Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués).

Nous rappelons qu’à ce stade de la procédure, Simon Casas est présumé innocent.


Catherine Martin
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