« Je ne peux pas faire ça. Je ne pourrais pas demander à quelqu’un de le faire pour moi. Si je ne peux pas le faire, je ne veux pas qu’on me le fasse. » Ces trois phrases de Kip Andersen, le réalisateur de Cowspiracy, m’ont fait devenir végétarienne. Après avoir assisté à l’abattage d’un canard dans une exploitation familiale, il se rend compte qu’il ne peut pas tuer un animal de ses propres mains. Je me suis alors posée la question. Pourrais-je le faire ? Non. La corrélation entre la mort d’un être sentient et le plaisir de l’assiette ne m’était jamais apparue aussi clairement. Bien sûr, je savais que des animaux mourraient chaque jour pour finir en barquette. Mais j’étais complétement déconnectée de la réalité comme le dit le journaliste Aymeric Caron dans No Steak : « Tout est fait pour que les consommateurs oublient la vérité sur ce qu’ils ingurgitent. » Et cette vérité, je ne pouvais plus l’ignorer. J’ai alors décidé de devenir végétarienne du jour au lendemain.
Abandonner le régime omnivore est un cheminement personnel qui est différent d’une personne à l’autre. Mais une chose est sûre, désormais, les repas de famille et entre amis seront ponctués d’analyses autour de vos probables carences, de l’histoire de l’évolution de l’homme et de son alimentation, des dernières données scientifiques sur le sujet et j’en passe. Devenir végétarien c’est un peu comme entrer en religion. Il faut être convaincu de son choix et il faut réapprendre à vivre. L’art de la table a une telle importance en France que c’est bien de cela dont il s’agit. Il faut s’adapter à une nouvelle manière de manger. Passionnée de cuisine, j’ai pourtant mis du temps à associer mes nouvelles sources de protéines comme le tofu, le tempeh et les légumineuses de manière savoureuse. C’est pourquoi en 2021, riche de plusieurs années d’expériences derrière mes fourneaux, j’ai décidé de créer une chaîne YouTube : Dyce Délices
Elle propose des recettes végétariennes et vegan inspirées du milieu multiculturel dans lequel j’ai grandi. Mon but est d’aider les nouveaux végétariens ou ceux qui veulent diminuer leur consommation de viande à composer des plats équilibrés. Je livre des astuces apprises lors de mon enfance comme pour la vidéo « Comment faire la chakchouka » visionnée plus de 48 000 fois ou des astuces apprises plus récemment comme « Comment préparer du tofu croustillant » vue 11 000 fois. Je ne cherche pas à culpabiliser mon auditoire ni ne cherche à le convaincre du bien-fondé du régime végétarien. J’ai appris avec le temps que cette manière de faire ne servait pas la cause. Je pense que le partage est plus persuasif. En faisant goûter mes plats, beaucoup de personnes ont été étonnées par la richesse des saveurs et ont décidé de manger moins de protéines animales. Si mes vidéos peuvent faire pareil, pourquoi pas. Il faut dire aussi, que la France, s’ouvre peu à peu au végétarisme. Simili-carné et tofu sont accessibles en grandes surfaces, et de nombreuses marques développent des produits vegan attisant la curiosité du chaland.
Tout n’est pas parfait, il est toujours compliqué de manger au restaurant voire de trouver un sandwich à la boulangerie, mais il me semble que les Français, et en particulier la génération Z plus concernée par l’écologie, se préoccupent davantage de la souffrance animale. Il reste un long chemin à parcourir pour faire comprendre aux gens qu’un chien, un chat, un cochon ou une vache sont des animaux ressentant des émotions et disposant de nombreuses capacités intellectuelles, mais j’ai bon espoir que l’avancée de l’éthologie et l’urgence environnementale permettront de mettre fin à un système qui n’est plus viable.
Dyce Délices
Cuisine végétarienne et végan
