C’est l’histoire d’une pratique venue d’outre-Atlantique qui est en train de conquérir les tribunaux français. Depuis 2019, et à rebours de l’engouement pour les nouvelles technologies, des juges, des avocats, des policiers font équipe avec des chiens pour humaniser leurs contacts avec les justiciables les plus fragilisés.
La France, actuel leader européen de la médiation animale au service de la Justice.
Orléans, les Sables d’Olonne, Nancy, Nevers, Strasbourg, Nîmes, Béthune, Grenoble, Vannes… La liste s’allonge des tribunaux, commissariats, instituts médicaux légaux qui accueillent en 2024 un collaborateur à quatre pattes.
D’autres sont présents en cabinet d’avocats ou dans les associations d’aide aux victimes.
Qui sont ces chiens ?
On songe tout d’abord à la vingtaine de chiens dits d’assistance judiciaire ou « CAJ » actuellement opérationnels. Ce sont des labradors ou golden retrievers sélectionnés et formés par l’association Handi’Chiens, en application de la convention signée par le ministère de la Justice en février 2023 Ces « CAJ » sont affectés aux institutions (cours d’appel, gendarmeries…) qui en font la demande, un ou plusieurs référents étant formés pour les accompagner au quotidien.
Mais il faut aussi citer les chiens de famille de toutes races, spécialement formés pour intervenir dans le cadre de l’activité professionnelle de celui ou celle (avocat, expert judiciaire, enquêteur…) qui partage leur existence.
On les appelle les « chiens médiateurs », car ils se trouvent au centre d’une relation triangulaire dans laquelle ils servent de trait d’union entre deux humains : le Bénéficiaire (ici une victime) et l’Intervenant en médiation par l’animal (ici un professionnel de la Justice).
Leur principale mission : soutenir émotionnellement un justiciable fragile, angoissé ou choqué
Il s’agit le plus souvent de réconforter les victimes ou témoins d’infractions pénales en restant physiquement à leur côté durant les rendez-vous judiciaires anxiogènes (auditions devant le juge d’instruction, interrogatoires par les gendarmes, audiences devant le tribunal…).
Et c’est une réussite : selon une étude américaine, 80 % des victimes ont réussi à verbaliser leur expérience traumatisante en présence du chien. Ce chiffre tombe à moins de 35 % en l’absence du petit médiateur.
La présence rassurante de ces chiens évite d’ajouter du traumatisme au traumatisme :
- Elle adoucit la détresse des bénéficiaires, enfants, adolescents ou adultes.
- Elle procure un apaisement immédiat qui permet la reprise de confiance en soi et la gestion des émotions des victimes.
- Elle concourt à la dédramatisation de la situation, ce qui favorise la concentration et la libération de la parole.
De multiples bienfaits constatés par les professionnels de la Justice.
Ces chiens facilitent la mise en place rapide d’une relation de confiance entre eux et la victime et donc la collaboration de celle-ci.
Leur bienveillance soulage et distrait les acteurs et auxiliaires de justice quotidiennement confrontés aux souffrances humaines. Les petits médiateurs offrent par ailleurs un moyen d’action performant qui enrichit la pratique professionnelle des intervenants. En libérant la parole des victimes, les chiens s’avèrent également de précieux alliés pour parvenir à la manifestation de la vérité.
L’association Les chiens de justice complète la démarche engagée en 2023 par le ministère de la Justice.
Pionnière en France, cette association a pour objectif de promouvoir et développer le recours au chien médiateur, par et pour les auxiliaires de justice, et en premier lieu les avocats. C’est en effet, par essence, la profession la plus proche des victimes.
Elle mène ses actions de terrain sur trois plans :
- Elle assiste (en région parisienne) des victimes avec ses chiens, en collaborant avec les professionnels qui en font la demande et ne disposent pas d’animal médiateur,
- Elle propose des cours et formations spécialement dédiés aux gens de Justice en vue de la constitution de binômes humain/chien médiateur aptes à travailler sur l’ensemble du territoire français,
- Elle sensibilise (interventions lors de colloques ou séminaires, rédaction d’articles, participation à des formations…) le grand public et les professionnels au « LIEN » existant entre les violences intrafamiliales et les violences aux animaux domestiques.
Si vous voulez en savoir plus sur ses prestations, n’hésitez pas à consulter le site internet de l’association : https://www.chiens-de-justice.fr
Lien LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/les-chiens-de-justice ou https://bit.ly/3MMEf4B
Vous pouvez aussi écrire à l’adresse suivante : chiensdejustice@gmail.com
Les chiens de justice
Médiation animale et victimes de violences