Numéro 17Animaux domestiquesLes chats de compagnie en ville : des attentes opposées

Lorenza Siciliano-Richard15 octobre 20244 min

Une enquête menée à Bron auprès des propriétaires et non propriétaires d’animaux de compagnie, dont les principaux résultats ont été présentés dans cette Revue, s’intéressait également aux chats. La France comptant quasiment 15 millions[1] de chats de compagnie, le but de cette enquête était de trouver des solutions locales adaptées pour les intégrer en ville, pour un meilleur vivre ensemble, ce qui est désormais un enjeu d’avenir pour les collectivités.

Les non propriétaires d’animaux de compagnie représentaient 61 % des répondants, ce qui est agréablement surprenant et montre que ce sujet touche tout le monde et que l’enquête a permis de recueillir l’avis de tous. Seul un tiers de ces non propriétaires sont dérangés par les chiens et/ou les chats, et majoritairement par les chiens. En tout, 7 % de la population totale est dérangée à la fois par les chiens et les chats, et 2 % par les chats seuls (soit6 % des personnes dérangées par les animaux).

Les déjections de chats trouvées dans le jardin ou le potager sont les nuisances les plus relevées, par quasiment deux tiers des personnes disant être dérangées par ces animaux. Les miaulements ou les bagarres sont également déplorés par 45 % de ces personnes. Or, dans les témoignages recueillis dans la pré-enquête, il semble que ce problème serait essentiellement lié aux chats libres. En revanche, personne ne se plaint de chats qui viendraient quémander de la nourriture.

De plus, 27 % de ces répondants considèrent que les propriétaires ne s’occupent pas correctement de leur chat, car ils ont trouvé l’animal en train de faire ses besoins dans leur jardin ou de tuer un oiseau. Cependant, il n’est pas prouvé que ces comportements sont liés à des manquements des propriétaires. Sans doute que les comportements considérés comme « incivils » des chats est reproché aux propriétaires, comme s’ils étaient eux-mêmes responsables de ces incivilités en laissant sortir leur animal. Une personne témoigne en ce sens : « Je n’envoie pas mon chien faire ses besoins dans le jardin de mes voisins, mais les propriétaires de chats, eux, se le permettent. Il serait utile de |leur] rappeler que leurs animaux doivent rester impérativement sous leur contrôle afin qu’ils ne puissent pas déambuler et souiller les jardins des alentours. » Des personnes souhaitent ainsi la sensibilisation des propriétaires de chats à ces problèmes.

De leur côté, les propriétaires de chats sont aussi nombreux que ceux de chiens à avoir répondu à l’enquête. Environ 60 % indiquent posséder un seul chat, près d’un quart en possèdent deux, environ 7 % en ont trois, et 7 % plus de trois. Seuls 40 % d’entre eux laissent sortir leur(s) chat(s). Certains ne peuvent pas le faire (31 %), car ils habitent en étage. D’autres ne veulent pas laisser sortir leur animal (29 %), car, notamment, ils ont peur qu’il se fasse écraser (92 %), fugue (75 %), soit maltraité par des gens dans la rue ou volé (67 %), ramène des maladies (25 %) ou se bagarre avec d’autres chats (17 %). Parmi les personnes ayant déclaré laisser sortir leur animal, plus de la moitié déplorent qu’il se soit battu avec des chats libres, et environ un quart qu’il ait été confondu avec un chat libre. Environ un quart d’entre elles indiquent qu’un de leur chat a disparu, et 12 % qu’il s’est fait écraser. Enfin, 18 % d’entre elles déclarent que des voisins se sont plaint de leur chat, soit parce qu’il va dans leur jardin, soit parce qu’il tue des petits animaux. Ces personnes regrettent ces problèmes de voisinage, mais aussi que la ville ne soit pas sûre pour leurs chats, qui, pour eux, ont besoin de sortir et ne peuvent pas rester à l’intérieur en permanence.

Ainsi, il est aisé de constater que les demandes des uns et des autres concernant les chats de compagnie sont totalement opposés : le « contrôle » des animaux d’une part, leur laisser la liberté dont ils ont besoin en toute sécurité, d’autre part.

Un meilleur vivre ensemble peut ainsi passer par de l’information des uns et des autres, sur les besoins des chats, les soucis soulevés par leur présence, une meilleure acceptation des animaux et de leurs comportements. Cependant, les chats libres représentent sans doute la source majeure des problèmes rencontrés par les habitants, et leur gestion est également un levier important pour un meilleur vivre ensemble avec les chats en général. Ainsi, plusieurs personnes demandent également des cabanes pour les chats libres, ainsi que davantage de campagnes de stérilisation de ces derniers.

Note : cette enquête a été proposée de façon bénévole et apolitique, car les résultats m’intéressaient sur un plan personnel, professionnel, et également pour faire suite à mon mémoire de diplôme de droit animalier. Les résultats présentés ici ne sont pas exhaustifs, ce sont les principaux.


[1] Facco-Kantar. 2023. facco.fr/chiffres-cles/les-chiffres-de-la-population-animale/


Lorenza Siciliano-Richard
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Docteur vétérinaire

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