ActualitésAnimaux sauvagesChasse à courre : légale le jour, illégale la nuit, cruauté toujours

Un responsable de chasse à courre est suspendu de ses fonctions suite à son interpellation et son placement en garde à vue pour braconnage annoncent les autorités. [1]

Ces pratiquants de la vénerie ont commis des actes d’une particulière gravité qui provoquent un tollé général et national. [2]

Les veneurs et les chasseurs défendent leurs pratiques et tentent une diversion en demandant l’utilisation du terme braconniers à la place de chasseurs.

Cette situation met un coup de projecteur sur la chasse, ses pratiques, son univers impitoyable, la caution de la cruauté légale et l’opprobre pour ceux qui se font prendre à écorner publiquement l’image de la chasse.

Les victimes sont oubliées, non considérées, méprisées.

Sommaire

  1. Cruauté de la chasse à courre
  2. Chasseurs, veneurs, braconniers
  3. Les victimes oubliées
  4. Conclusion

La chasse à courre au cerf, c’est la traque jusqu’à épuisement d’un animal sauvage et libre poursuivi par une meute de plus de 30 chiens et un équipage se déplaçant à cheval. Les suiveurs en 4×4, à vélo ou à pied, participent en renseignant, voire bloquant les zones de fuite.

Le cerf après plusieurs heures de traque finit par ne plus pouvoir avancer par souffrance physiologique puis est mordu par les chiens, tué par un épieu ou noyé par les veneurs.

Ce mode de chasse est issu du régime féodal aboli en 1789 mais qui persiste pour le plaisir de quelques privilégiés nostalgiques d’un temps passé royaliste.

Cette pratique de chasse-loisir ne participe pas à la régulation puisqu’un seul animal est traqué et qu’il n’est pas pris systématiquement à chaque chasse à courre. Ce mode de chasse décrié par 76% de la population perdure grâce au pouvoir politique des lobbyistes et au syndrome du larbin, comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu ou encore de la servitude volontaire.

Il n’y a aucun doute sur la souffrance ressentie par l’animal traqué jusqu’à épuisement mortel, dévoré vivant par les chiens, transpercé de plusieurs coups d’épieu ou de dague ou noyé par les veneurs appuyant sur sa tête pour la maintenir sous l’eau. Des études scientifiques ont démontré les lésions physiologiques survenant par la poursuite d’épuisement, semblables au « coup de sang » chez les chevaux, myopathie d’effort. Le cerf qui échapperait à la chasse à courre a souffert de lésions physiologiques possiblement irréversibles.

Cette cruauté est légale dans le cadre de la chasse à courre autorisée par la loi.

Des veneurs sont mis en cause dans la traque de cerfs en Sologne la nuit avec des véhicules afin de ressentir des sensations fortes et récupérer la viande pour nourrir leur meute de chiens de chasse à courre. Ils poursuivaient les cerfs aveuglés par des lumières et les percutaient avec leurs 4×4 équipés de pare-buffles. [3]

La société de vénerie, la fédération des chasseurs et les chasseurs s’empressent de crier au scandale et demandent qu’ils soient désignés par le terme de braconniers.

Les veneurs sont des chasseurs, le maître d’équipage doit avoir le permis de chasse et il est soumis à la règlementation de ce mode de chasse encadré par le code de l’environnement et divers autres textes.

Les chasseurs pratiquent la chasse légale et ceux qui violeraient la règlementation seraient des braconniers. Cette pirouette interroge !

On peut lire la définition suivante : le braconnier est celui qui chasse illégalement.

C’est aussi celui qui vole le gibier d’autrui. Donc, ce serait une guéguerre entre territoires de chasse.

Mais si le braconnier est celui qui chasse sans respecter la règlementation, pourquoi ne pas qualifier de braconnier le chasseur qui a tué Morgan dans son jardin, Mélodie sur un sentier touristique, Joël dans sa voiture, ceux qui ont tiré dans la chambre d’enfant, qui tuent un autre chasseur posté ou rabatteur, ceux des équipages de vénerie en ville, dans les jardins privés et autres.

Peu de remise en cause suite aux faits de ce même équipage pratiquant la chasse à courre le jour, légalement. [4]

Le braconnier, surtout en Sologne, véhicule une image positive : celui qui vole pour se nourrir comme Raboliot décrit dans le chef d’œuvre de Maurice Genevoix, les maisons du braconnage pour mémoire historique dans de nombreux villages, le documentaire Les gardes-chasse de Sologne de Laurent Charbonnier, le film l’Ecole buissonnière du chasseur Nicolas Vanier.

Ainsi, le terme de braconnier permet de différencier les bons veneurs des mauvais chasseurs, mis à l’écart par une pirouette linguistique adoucissant la réalité par l’imaginaire du raboliot solognot.

Cette pirouette sert aussi à effacer la confusion faite par les médias sur les actes de cruauté sur le cerf dans la propriété de Luc Besson. [5]

Dans une Tribune, la chasse à courre y est décrite par un influent veneur comme une victime collatérale. [6]

En effet, ce maître d’équipage, châtelain, vice-président de la Société de vènerie, d’une famille de veneurs sur 3 générations, lieutenant de louveterie, président de l’association départementale des chasseurs de grand gibier, entend nous donner des leçons : la chasse à courre, pratique légale, encadrée, pratiquée en collaboration étroite avec les autorités, est trop mal connue et pâtit de clichés erronés.

Il oublie les citoyens qui suivent les chasses à courre pour informer le public et justement éviter les clichés erronés suite à l’interdiction interne de diffusion des photos et vidéos pouvant nuire à l’image de la vènerie.

A l’occasion de cette Tribune, une pensée émue pour Frédéric H. qui n’y est pas cité, venu suivre une chasse à courre pour éviter les clichés erronés et qui, lui, n’a plus la possibilité de s’exprimer dans les médias suite aux séquelles. [7]

Les victimes de la chasse, légale ou illégale, sont les animaux sauvages et libres persécutés et torturés par tous les modes de chasse, sans compter les animaux domestiques, d’élevage et les victimes humaines.

La chasse à courre n’est ni éthique ni naturelle. [8]

Cette situation de braconnage par des veneurs qui met en émoi le monde de la chasse, les autorités et les médias, met l’accent sur l’illégalité des faits et les infractions relevées.

La publication de la gendarmerie ayant participé à l’opération anti-braconnage utilise l’humour sur le bon chasseur et les mauvais chasseurs. Le bon chasseur respecte la règlementation, il est éthique.

Les sévices infligés au cerf traqué légalement importent peu, la loi les autorise.

Mais la souffrance des cerfs aveuglés et traqués par des 4×4, percutés délibérément, blessés et tués dans d’atroces agonies, sera-t-elle ignorée ?

Quelles sanctions pour ces sévices et actes de cruauté et de barbarie perpétrés par des chasseurs aguerris dans des conditions illégales ?

Les actes de cruauté sur les animaux captifs sont sanctionnés par le Code pénal et le Conseil d’Etat a donné une définition de l’animal sauvage captif lors d’une chasse à courre, le cerf ayant été noyé volontairement par les veneurs : « est tenu en captivité l’animal tombé au pouvoir de l’homme et retenu par lui par la contrainte », Cour d’appel d’Amiens 7/12/1979 et Cour de Cassation Chambre criminelle n°80-90.095 du 22/10/1980.

L’éviction des mauvais chasseurs est une bonne chose et nous attendons des sanctions exemplaires pour ces délinquants, violant la règlementation.

L’impunité dont bénéficie certains n’est plus acceptable quand les plaintes des victimes font l’objet de classement sans suite.

Mais nous attendons aussi, la fin des sévices sur les animaux sauvages ce qui nécessite une gestion différente de la faune sauvage qui ne soit plus seulement cynégétique et dans le seul intérêt partisan des chasseurs.

Le droit de vivre et de ne pas souffrir ne peut pas être le seul privilège des humains”, Mathieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux

Lili, administratrice CVN


[1]https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/braconnage-en-sologne-un-responsable-de-chasse-a-courre-suspendu-1740743573

[2]https://www.francetvinfo.fr/environnement/biodiversite/chasse-et-braconnage/six-chasseurs-arretes-dans-le-cher-pour-des-faits-de-braconnage-d-une-particuliere-gravite-dans-la-foret-de-sologne_7100316.html

[3]https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/braconnage-dans-le-cher-six-chasseurs-interpelles-pour-avoir-traque-et-percute-des-cerfs-en-4×4-7900478169

[4]https://savoir-animal.fr/la-chasse-a-courre-au-mepris-des-lois/

[5]https://www.ecologie-radicale.org/images/stories/doc_pdf/Intrusion_et_actes_de_cruaut_des_chasseurs_devant_personne_vulnrable.pdf

[6]https://www.letelegramme.fr/opinions/tribune-incident-de-chasse-chez-luc-besson-les-lecons-a-retenir-6768245.php

[7]https://www.konbini.com/news/chasse-a-courre-des-veneurs-accuses-davoir-plonges-un-militant-dans-le-coma/

[8]https://savoir-animal.fr/chasse-a-courre-ni-ethique-ni-naturelle/


Convention Vie et Nature
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Mouvement d'écologie éthique et radicale pour le respect des êtres vivants et des équilibres naturels

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