ActualitésPolitique & AnimauxUne charte inédite pour la reconnaissance du deuil animalier par les employeurs privés et publics : vers une journée de congé pour accompagner l’évolution sociétale de la relation humain/animal et le bien-être au travail ?

Notre société a souvent des difficultés à admettre qu’un être humain puisse ressentir de la douleur et des émotions intenses à la mort de son animal de compagnie et pourtant les conséquences liées au deuil d’un animal sont multiples pour les personnes endeuillées. Comment ne pas le comprendre quand 85% des français considèrent leur compagnon comme un membre à part entière de la famille ! D’ailleurs, dans une enquête réalisée en 2020 par Wamiz auprès de 3846 personnes, pour 88% d’entre-elles ce décès est aussi difficile à surmonter que celui d’un proche.

De nombreuses références scientifiques existent pour mieux comprendre le deuil animalier. Ainsi, selon Michelle Crossley, professeure adjointe au Rhode Island College, conseillère en  santé mentale et co-autrice d’une étude sur la souffrance liée à la perte d’un animal, « de nombreux propriétaires d’animaux attribuent des caractéristiques humaines à leurs animaux. Dans la mesure où les humains peuvent former un lien d’attachement avec un animal similaire à celui qu’ils ont avec un humain, le processus de deuil lié à la perte d’un animal peut être comparable ». Pour Annique Lavergne, docteure en psychologie à l’université de Laval au Québec, « le fait que la perte d’un animal de compagnie ne soit pas reconnue comme un véritable problème rend l’évènement encore plus pénible et traumatisant pour le maitre ». Enfin, pour Irène Combres, experte formée à l’accompagnement du deuil en général et spécialisée dans le deuil animalier, « la perte d’un être humain et la perte d’un animal de compagnie peuvent être semblables car ce qui compte avant tout c’est l’attachement à cet être  cher. De plus, la perte d’un animal peut raviver la douleur liée à la mort d’un proche. Plusieurs  symptômes somatiques et psychologiques peuvent être observés à la suite de la perte d’un animal de compagnie comme la dépression, l’anxiété, la culpabilité, le retrait social, la solitude face à la non reconnaissance de la douleur liée au deuil de son animal, etc… ».

C’est ainsi que dans la revue scientifique CABI Human-Animal Interactions, les deux chercheuses, Michelle Crossley et Colleen Rolland appellent à mettre fin à la stigmatisation sociale qui existe autour du deuil d’un animal de compagnie car cette absence de soutien social peut compliquer le processus de deuil et isoler davantage.

Fortes de leur expérience et de leur expertise en matière de bien-être au travail et de relation humain/animal, Béatrice de Lavalette, présidente de Société en Mouvement, élue dans les Hauts de Seine* et Marie Le Lan, conseillère municipale en charge de la condition animale*, proposent, avec les syndicats signataires suresnois CGT, SYNPER, FO, une charte pour créer  les conditions optimales d’un environnement de travail bienveillant et de confiance en reconnaissant pleinement, à l’échelle nationale, la douleur engendrée par la perte d’un animal de compagnie.

Cette volonté de reconnaissance du deuil animalier intervient après l’accord, le premier en France, signé  par l’élue Béatrice de Lavalette et les syndicats suresnois CGT, FO et SYNPER le 3 septembre 2020, pour  permettre l’accueil des animaux de compagnie au bureau. Cet accord pionnier, inédit dans la fonction publique, qui bouscule le conformiste dans l’administration, est pourtant un dispositif au  service de la créativité, de la stimulation, de la communication, de la diminution du stress, de l’apaisement d’éventuelles tensions, vecteur de cohésion sociale et d’équipes. L’expérience concluante de la ville de Suresnes a ainsi pu inspirer une vingtaine de villes en France et a notamment permis de mesurer la force du lien qui unit les agents à leur animal de compagnie.

La force de ce lien et l’intensité de la douleur vécues lors du deuil animalier sont au cœur de la charte proposée par les élues et les syndicats suresnois et leur reconnaissance pourrait se traduire par un jour de congé supplémentaire dans les entreprises privées qui le souhaitent, notamment dans le cadre de leur politique RSE de bien-être et qualité de vie au travail et par une journée d’Autorisation d’Absence aux agents des différentes branches de la Fonction Publique pour que tous les employeurs publics reconnaissent ce deuil d’un être cher, membre du noyau familial, dans le cadre d’un dialogue social fructueux conduisant, dans l’idéal, à un accord entre les partenaires sociaux.

Béatrice de Lavalette et Marie Le Lan vont proposer à différents acteurs issus du monde de l’entreprise, politique, syndical, associatif et culturel de s’engager, en signant cette charte, sur cette question emblématique de l’évolution sociétale de la relation humain/animal et pour la prise en compte du bien-être au travail des salariés et de leur nouveau rapport au travail qui passe aussi par la reconnaissance de leur sphère intime selon l’enquête de la Fondation Jean Jaurès de novembre 2022.

Ainsi, Béatrice de Lavalette et Marie Le Lan appellent « tous les acteurs du monde économique, politique et culturel attachés à un dialogue social constructif, au bien-être au travail et à la cause animale au travers de la relation que nous entretenons avec eux, à s’engager à nos côtés pour la  reconnaissance du deuil animalier.

Elles précisent qu’il «nous appartient, collectivement, eu égard à l’évolution de l’histoire de notre relation aux animaux depuis des siècles, au changement de paradigme sur la place des animaux dans notre société de répondre aux attentes des français en reconnaissant la douleur à laquelle ils sont confrontés lors d’un tel deuil, et qui affecte aussi leur capacité à être opérationnels au travail, par une mesure adaptée qui consolidera le lien d’appartenance à son entreprise et favorisera son attractivité. C’est ensemble que nous ferons évoluer les mentalités et avancer la législation ».

* élues à la ville de Suresnes : à noter que cette charte n’est pas portée par la mairie de Suresnes


Béatrice de Lavalette
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Présidente du think tank Société en Mouvement

Conseillère municipale, ville de Suresnes

Membre du CSFPT

Marie Le Lan
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Conseillère municipale à la condition animale en ville - Suresnes 92

Titulaire du Diplôme Universitaire « Relation Homme / animal » Université Paris Descartes

Titulaire du Diplôme Universitaire « Ethique, Condition Animale, Devoirs des Humains » ESAV Paris Institut Bonaparte

Il y a un commentaire

  • Dinand-Mangeot

    9 novembre 2023 à 20h43

    Isabelle Dinand-Mangeot, fondatrice et présidente de L’association L’Animal est une Personne signe la charte.
    Merci infiniment pour ce combat important,
    Isabelle Dinand-Mangeot

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