Animaux non domestiquesActualitésC’est Assez ! : une décennie de lutte pour un avenir sans cétacés captifs

Julie Labille10 avril 20256 min

Alors que l’actualité sur les cétacés du Marineland préoccupe le public, nous souhaitons faire le point sur l’évolution de C’est Assez ! après dix années d’existence et de combat.
Si nous avons des comptes à rendre, c’est avant tout à nos fidèles soutiens qui nous accompagnent, pour beaucoup, depuis la création de notre association en 2014.

À l’origine, nous avons constaté que très peu d’organisations se saisissaient réellement de la question des delphinariums. Ce sujet n’était pas au cœur des combats des grandes associations de protection animale. Alors, nous avons pris cette place.

Au fil des années, nous avons :

  • Organisé des dizaines de manifestations devant Planète Sauvage, le Parc Astérix et le Marineland d’Antibes.
  • Rédigé 26 pétitions, cumulant près de 2 millions de signatures à ce jour.
  • Manifesté à de nombreuses reprises devant les ambassades d’Espagne pour Morgan, du Danemark contre le Grind et du Japon contre Taiji.
  • Réalisé des dizaines d’interventions scolaires et de nettoyages de plages.
  • Mené quatre campagnes d’affichage, dans le métro parisien et sur les bus de Nice et Nantes.
  • Organisé plusieurs soirées projection-débat de Blackfish et The Cove à Paris notamment.
  • Rencontré tous les ministres de l’Écologie, à l’exception de la ministre actuellement en poste.
  • Rédigé une lettre ouverte à Pascal Picot en mai 2023 concernant les rumeurs de départ des orques au Japon, à laquelle il avait répondu dans Nice Matin.
  • Mis en ligne deux nouvelles pétitions en 2023 et 2024 contre le départ des orques au Japon et pour l’envoi de dauphins au sanctuaire de Tarente en Italie.
  • Engagé plusieurs procédures devant le Conseil d’État, dont la dernière en janvier 2024, avec un rendu le 31 décembre dernier.
  • Pris part à la Commission consultative sur la faune sauvage qui avait pour mission de travailler sur les arrêtés de la loi 2021
  • Visité le sanctuaire de Lipsi en 2022 et celui de Tarente en 2024
  • Écrit plusieurs tribunes publiées dans différents journaux comme Libération et Le Monde (tribune publiée en 2022 dans Le Monde au sujet de la reproduction des cétacés captifs, signée par une trentaine de scientifiques et experts).
  • Rédigé dernièrement une lettre ouverte à Agnès Pannier-Runacher le 29 janvier dernier pour qu’elle se positionne sur l’envoi de dauphins au sanctuaire de Tarente.

Autre action pour laquelle nous ressentons une fierté particulière. En 2018, nous lancions une grande campagne pour dénoncer les conditions de détention de l’ours polaire Raspoutine au Marineland d’Antibes. Sur nos vidéos devenues virales, on pouvait voir Raspoutine haletant, bave aux lèvres, sous la chaleur accablante de la Côte d’Azur. Après une pétition ayant recueilli plus de 270 000 signatures, Marineland décide de transférer Raspoutine dans un grand zoo au nord de l’Angleterre (Yorkshire Wildlife Park), où il pouvait profiter d’un enclos de 10 hectares avec deux bassins, dont l’un profond de 8 mètres (Au Marineland, l’enclos des ours polaires faisait 2200m2).

En 2021, c’était au tour de Flocke et de ses triplés de quitter Marineland pour le même endroit après une autre campagne pour dénoncer la captivité des ours polaires au parc azuréen. Ainsi, Marineland avait tourné la page de la captivité des ours polaires.

Entre 2015 et 2017, nous avons monté une coalition d’associations et travaillé d’arrache-pied pour obtenir un premier arrêté en 2017, actant la fin de la captivité des cétacés. Nonobstant les critiques et accusations de complaisance au sein même du mouvement, nous avions choisi une approche progressive, convaincus qu’elle était la plus efficace. Cet arrêté a malheureusement été annulé en 2018 pour vice de procédure.

Concernant le Parc Astérix, nous avons entretenu des échanges mensuels avec sa direction, cherchant des solutions concrètes pour les dauphins. Nous avons mené ces discussions aux côtés de Ric O’Barry et des sanctuaires de Lipsi et Tarente en 2020. Malheureusement, à l’époque, ces sanctuaires n’étaient pas encore opérationnels, et le parc a fait un autre choix.

En 2020-2021, nous avons été en première ligne de l’adoption de la loi de 2021, qui acte la fin de la captivité des cétacés en France. Nous étions d’ailleurs l’association de référence en matière de captivité des cétacés auprès des parlementaires. Dès le vote de la loi, nous avons alerté sur ses lacunes et sur l’absence de solutions adaptées pour le relogement des dauphins. Comme nous le redoutions, ces insuffisances ont aujourd’hui de lourdes conséquences pour les animaux. Nous avons toujours affirmé que notre objectif n’était pas la fermeture des delphinariums, mais plutôt de trouver des solutions alternatives, respectueuses à la fois pour le personnel et pour les animaux, tant qu’aucune meilleure solution n’était envisagée.

Pourtant, une lueur d’espoir existe : le sanctuaire de Tarente, en Italie, est prêt à accueillir des dauphins. Nous mettons toute notre énergie pour que cette solution aboutisse.

Aujourd’hui, la situation a changé. Après dix ans d’engagement et d’expertise, et face à l’urgence, la situation devient confuse. Nous poursuivons nos échanges avec la conseillère de la Ministre, sans être reçus par la Ministre elle-même (par manque de popularité médiatique ?), et nous le regrettons… Pire encore, nous faisons face à des critiques parfois injurieuses et des procès en incompétence (?) de la part d’acteurs censés partager notre combat.

Les solutions envisagées pour le maintien des animaux sur place sont, pour le moment, insuffisantes selon nous, car plusieurs dizaines de millions d’euros seront nécessaires pour l’entretien des infrastructures et des animaux et ce, de manière pérenne.

Nous avons toujours choisi de rester une association bénévole, pour garder notre liberté d’action et consacrer chaque minute à la cause animale, plutôt qu’à la recherche de financements. Notre force repose sur notre passion et notre engagement.

Bien que certains membres de notre équipe soient des experts en biologie marine ou en droit de l’environnement, d’autres sont simplement animés par l’amour et la connaissance des cétacés.

Moi-même, Julie, qui écris ces lignes aujourd’hui, ai fait le choix de vivre dans une région où je peux observer chaque année de nombreuses espèces marines : bélugas, baleines, marsouins, phoques… Je reconnais les baleines à bosse à la forme unique de leur nageoire caudale et je les connais même par leur nom. J’identifie une espèce à son souffle ou à la silhouette de sa nageoire dorsale. Et, chaque jour, je partage avec vous ce savoir sur Instagram, vulgarise des articles scientifiques, pour que vous puissiez, vous aussi, vous émerveiller devant ces êtres exceptionnels.

Nous n’avons ni un pouvoir médiatique immense, ni des millions pour financer de grands projets. Mais nous avons une certitude : si la France se dirige aujourd’hui vers un avenir sans cétacés captifs, c’est en grande partie grâce à notre persévérance et à votre soutien indéfectible.

Notre boussole a toujours été et restera le bien-être des animaux.

Julie Labille
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Membre du bureau de l’association C’est Assez !

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