Numéro 20Animaux domestiquesCentres aérés canins : un vide juridique qui étouffe les porteurs de projet

Alizé Irondet15 juillet 20254 min

Depuis un an, j’ai ouvert à Marseille un centre aéré canin : Les Coussinets Marseillais, le premier centre aéré canin des Bouches du Rhône. Un concept encore rare en France, pourtant en pleine émergence. Le principe est simple : proposer aux chiens un espace d’accueil journalier où ils peuvent s’épanouir, jouer, se dépenser et  socialiser pendant que leurs propriétaires travaillent.

Aujourd’hui, les chiens font pleinement partie de nos familles. Or, les solutions d’accueil adaptées sont encore largement insuffisantes, en particulier dans les grandes villes où les maîtres travaillent souvent de longues journées. La demande est massive.

Dès l’ouverture, j’ai été littéralement submergée par les demandes. Ma clientèle est aujourd’hui très largement constituée de familles actives, de jeunes parents, de personnes retraitées, toutes soucieuses du bien-être de leur animal.

Cet engouement s’est aussi largement traduit dans les médias :

  • Reportages sur BFM, M6 national, France 3, Maritima, L’Essentiel Marseille, etc.
  • Un intérêt médiatique qui démontre l’utilité et l’originalité du projet, à une échelle locale comme nationale.

Le besoin est là. Les maîtres sont demandeurs. Le concept ne demande qu’à se développer.

Pourtant, malgré cet intérêt et cette demande évidente, mon activité est aujourd’hui pratiquement à l’arrêt.

  • Après un démarrage sur un terrain privé dans le 12e arrondissement de Marseille, avec un accord initial de voisinage, les plaintes pour nuisances sonores ont rapidement limité mon activité à deux jours par semaine.
  • Face à ces difficultés, j’ai multiplié les démarches depuis plus d’un an pour trouver un terrain adapté permettant de relocaliser mon activité dans des conditions professionnelles et respectueuses de l’environnement et du voisinage.

J’ai contacté : les mairies, la métropole, le département, la préfecture, des associations foncières, des agriculteurs et des propriétaires privés. Et j’en passe… un an à taper à toutes les portes possibles et inimaginables sans résultat.

Le blocage vient essentiellement du cadre réglementaire actuel :

  • Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), notamment celui de Marseille, interdisent l’installation de structures de ce type sur les zones agricoles ou naturelles, alors même que ces espaces seraient les plus adaptés et respectueux pour accueillir des structures canines.
  • Il n’existe aucune catégorie administrative spécifique permettant d’autoriser ces activités sur des terrains hors zone urbaine.

Aujourd’hui en France, environ une vingtaine de centres aérés canins existent à peine. Tous rencontrent les mêmes difficultés majeures d’installation et d’autorisation administrative.

Pourtant, ces structures s’appuient sur de vraies compétences professionnelles : éducation canine, comportementalisme, gestion des groupes de chiens, surveillance sanitaire et bien-être animal.

Ce ne sont ni des pensions classiques, ni des refuges, ni des chenils, ni de l’élevage. C’est une nouvelle activité à part entière qui ne rentre dans aucune case juridique existante.

Aujourd’hui, ma situation est représentative de nombreux porteurs de projet dans toute la France :

  • La demande est forte.
  • Les familles cherchent des solutions d’accueil journalier pour leurs chiens.
  • Les professionnels existent et sont prêts à exercer.
  • Mais les textes réglementaires les empêchent de travailler.

Il est urgent de créer un statut juridique adapté aux structures d’accueil journalier canin, afin de leur permettre de s’installer dans des espaces adaptés (zones agricoles, naturelles ou périurbaines), avec des normes encadrées, respectueuses de l’environnement et du voisinage. Faute de quoi, ces projets continueront à exister de façon précaire, sans cadre légal clair, alors qu’ils répondent pourtant à un véritable enjeu de société autour du bien-être animal.

Aujourd’hui, après des mois de démarches, de recherches de terrains et d’impasses administratives, je suis dans l’incapacité de poursuivre mon activité de façon pérenne, malgré une demande très forte et une clientèle fidèle. Ce blocage est totalement paradoxal dans un pays qui promeut pourtant le bien-être animal et qui reconnaît le chien comme un membre à part entière de la famille. Il est temps que la loi rattrape la réalité du terrain et accompagne enfin ces nouvelles formes d’activités professionnelles autour de l’animal.


Alizé Irondet
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(Ré)éducation & comportement
1er centre aéré canin marseillais

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