Jack, 9 ans, a passé toute sa vie à la chaîne. Il vient d’être recueilli par le Refuge GroinGroin, pour une nouvelle vie ! Chiens à l’attache : zoom sur une pratique légale mais contraire au bien-être animal.
Bien sûr, à l’exception des cochons nains, le Refuge GroinGroin n’a normalement pas vocation à recueillir les animaux dits de compagnie… Et pourtant, en de très rares occasions, si son équipe a connaissance d’un chien ou chat en détresse à proximité du refuge et à l’indispensable condition que le refuge ait les moyens, matériels et humains, d’agir efficacement pour lui venir en aide, il ne ferme pas les yeux…
Ainsi, voici Jack ! Âgé de 9 ans, ce berger allemand a passé toute sa vie à la chaîne, une pratique malheureusement toujours légale (voir ci-dessous). Il y a quelques semaines, le refuge a pu obtenir sa cession, pour lui offrir une nouvelle vie !
Malgré ses conditions de vie passées, Jack est resté un AMOUR de chien ! Toute l’équipe du refuge est bouleversée de constater qu’il a su garder intactes son intelligence, sa gentillesse et sa soif de partager pleinement la vie d’humains et d’humaines qui l’aiment, preuve d’une force mentale et d’une résilience épatantes. Depuis son sauvetage, chaque jour est une fête et une occasion d’enfin découvrir le monde : les balades (quelle joie d’explorer les alentours avec les humains/humaines !), la forêt et son cortège d’odeurs merveilleuses, la sieste dans un vrai lit douillet et surtout (surtout !) les longues, très longues sessions de câlins dont il raffole plus que tout ! Car oui, à l’instar des cochons du refuge, Jack adore les gratouilles sur le bidon, et tout comme eux, il est parfaitement capable de se laisser lourdement tomber sur le côté, et même sur le dos, pour en profiter un maximum !
Jack n’est déjà plus un jeune chien, mais il est en bonne santé pour son âge et fin prêt à savourer une “retraite” radieuse. Il aime beaucoup apprendre et depuis que le mot “assis” a un sens pour lui, il faut le voir s’asseoir fièrement, même (et surtout…) quand personne ne le lui a demandé, tout en s’assurant bien qu’on le regarde à ce moment-là pour constater à quel point il est un super chien et qu’on le récompense comme il se doit ! Bienvenue, Jack !
Chiens à l’attache : une pratique délétère et pourtant toujours légale
A condition que la chaîne mesure au moins 2,5 mètres pour une chaîne coulissante sur câble horizontal ou 3 mètres pour une chaîne fixe, maintenir un chien adulte à l’attache est légal[1]. Il est certes précisé par la loi[2] que les chiens “ne peuvent être tenus à l’attache que ponctuellement”, mais en l’absence de contrôles et en raison de la difficulté à prouver le caractère permanent d’une telle situation, de nombreux chiens utilisés pour la garde demeurent à la chaîne toute leur vie.
Trois mètres pour seul horizon, une vie durant. Une situation contraire aux besoins élémentaires d’un chien et qui s’oppose donc à son bien-être. En effet, en tant qu’animal social, un chien a besoin de vivre parmi les siens, humains ou canins et doit pouvoir satisfaire ses besoins de mouvement et d’exploration[3]. A l’occasion du sauvetage de Jack, le Refuge GroinGroin tient donc à rappeler que pour s’épanouir, un chien a besoin de vivre au contact des membres de son foyer et de promenades quotidiennes. S’il doit rester seul à l’extérieur quelques heures par jour, il doit pouvoir évoluer sur un terrain clos ou a minima dans un vaste enclos où il pourra bouger et courir et dans lequel il disposera d’un abri et d’eau propre et fraîche.
Personne, à vrai dire, qu’il s’agisse d’humains/humaines, de chiens ou d’autres animaux, ne peut vivre heureux attaché seul, nuit et jour, hiver comme été, dans un environnement toujours identique et pauvre en stimulations, sans pouvoir bouger et sans possibilité de découvertes d’aucune sorte. A la chaîne, certains chiens en viennent à se blesser en tentant de se libérer, d’autres développent des stéréotypies (comportements répétitifs liés à l’anxiété et à l’ennui, tels que, par exemples : piétinement incessant, coprophagie, léchage compulsif etc.) et de l’agressivité (car à un animal empêché de fuir, il ne reste que l’attaque en cas de menace). C’est pourquoi cette pratique doit disparaître. Pour Jack et pour tous les autres animaux à l’attache, brisons les chaînes.
Parrainer ou marrainer Jack
Aujourd’hui, Jack a besoin de parrains et de marraines afin de subvenir à ses besoins quotidiens. Le parrainage/marrainage permet à chacun et chacune de pouvoir aider concrètement un animal du refuge et d’aider aussi tous les autres en parlant à son entourage de son/sa filleul(e) et des raisons de son soutien. Un parrainage/marrainage est un don qui couvre une partie des frais liés à l’hébergement, l’alimentation et les soins vétérinaires d’un animal au refuge. L’idée est de réunir assez de parrains et marraines pour couvrir 100% du coût d’un animal, ce qui permet ainsi à GroinGroin d’avoir la capacité financière d’ouvrir de nouvelles places pour d’autres rescapés.
Le montant des parrainages est libre. Il est déductible à 66% des impôts dans la limite de 20% des revenus imposables.
Le Refuge GroinGroin
L’association GroinGroin a été créée en 2005 par une vétérinaire et une passionnée de cochons. Elle sauve et recueille des animaux d’élevage et en particulier des cochons. Le refuge se situe à Neuvillette-en-Charnie, dans la Sarthe, et près d’une centaine d’animaux y cohabitent sur 12 hectares.
Les missions principales de l’association sont :
- Sauver et recueillir des animaux dits “de ferme”
Le Refuge GroinGroin sauve et recueille des animaux rescapés d’élevages ou d’abattoirs, de la maltraitance ou de l’abandon. Ils disposent de grands espaces et d’aménagements adaptés, ainsi que de soins spécifiques et individualisés prodigués au quotidien par l’équipe de soins du refuge. Le refuge leur offre, pour le restant de leur vie, un quotidien paisible, loin de toute exploitation. Il n’y a pas de reproduction afin d’accueillir le maximum d’animaux en détresse.
- Sensibilisation : développer l’empathie pour les animaux
L’association GroinGroin communique sur l’intelligence, la sensibilité, l’individualité des animaux qu’elle sauve. À travers leurs histoires, elle permet au grand public de se questionner sur la légitimité à tuer sans nécessité les animaux. Le refuge permet aux personnes de rencontrer sur place, souvent pour la première fois, des animaux dits “de ferme” et de se rendre compte de la similarité entre les interactions qu’elles partagent habituellement avec leur chien ou leur chat, et celles qu’elles connaîtront avec les animaux au refuge. L’étonnement suscité par cette rencontre est bien souvent le premier pas vers une remise en question de notre rapport aux animaux.
- Placer des cochons en dehors de ceux qui sont au refuge
Les animaux au refuge y sont pour le reste de leur vie. L’association met par ailleurs en relation les personnes qui se séparent de leur cochon avec ceux qui souhaitent adopter via une sélection rigoureuse des adoptants et adoptantes.
[1] Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l’élevage, à la garde et à la détention des animaux, modifié par arrêté du 30 mars 2000, Annexe I, Chapitre II – Animaux de compagnie et assimilés, point 8. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000864910
[2] Arrêté du 3 avril 2014 fixant les règles sanitaires et de protection animale auxquelles doivent satisfaire les activités liées aux animaux de compagnie d’espèces domestiques. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000028856756
[3] https://www.cnr-bea.fr/2024/01/02/assemblee-nationale-reponse-chiens-attache/