Numéro 15Culture contemporaineDe biologiste à artiste, les animaux au coeur de mon travail

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionnée par les animaux. Et puis, très tôt, j’ai eu ce petit truc en plus pour le dessin. Dès la maternelle, ma mère (qui dessine aussi très bien, dans un style différent du mien) et mon institutrice m’ont encouragé à l’exploiter.

Rapidement, je ne dessinais plus que les animaux. En particulier ceux du continent africain. J’avais un livre qui présentait les espèces les plus populaires (pour nous européens) et je crois bien les avoir presque toutes dessinées au moins une fois. Je me souviens avoir eu une préférence pour les photos représentant le fennec et la grue couronnée (que je rêve de voir un jour dans son élément naturel).

Je crois que ce livre a été le début de mon admiration et fascination pour le continent africain. Sans faire dans l’originalité, j’ai regardé beaucoup de documentaires qui racontaient la vie des animaux des plaines du Masai Mara. Je sais qu’un jour je m’y rendrais pour voir cela de mes propres yeux.

Ma passion pour les animaux m’a, je pense, naturellement tourné vers l’équitation. C’est le contact avec le cheval qui m’intéressait. Leur présence me calme et me fait me sentir plus proche de la nature. Pendant près de 13 années, j’ai trouvé refuge dans le centre équestre où je montais. C’était mon petit havre de paix. J’ai dessiné d’innombrables chevaux et aujourd’hui encore ils restent mes modèles favoris.

Portée par ma passion du comportement animal, je me suis lancée dans des études de biologie, puis d’éthologie/écologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. Je rêvais de devenir une zoologue arpentant la savane africaine armée de mes jumelles et de mon calepin pour traquer le comportement animal. Cette vision de moi a été mon phare pendant ces années d’étude. Vision un peu naïve car le métier que j’idéalisais (naturaliste et pas zoologue) n’existe plus. Mais en un sens, j’y suis parvenue. Déjà, j’ai fait un stage de 6 mois en Afrique du Sud, près de l’Océan Indien pour étudier le système de pollinisation d’une plante. Ce fut l’une des expériences les plus marquantes de ma vie. A mon retour, j’ai commencé une thèse à l’université Paul Sabatier de Toulouse pour étudier le comportement de l’abeille domestique. Ma fascination pour les insectes, que j’avais délaissés dans mes dessins, prenait vie, ainsi qu’une passion pour la photographie macro. Mon doctorat en poche, je suis partie à l’Université de Bristol pour un contrat post-doctoral (ou chercheur) de 2 ans. Là-bas, j’ai observé le comportement des papillons tropicaux Heliconius. L’un des avantages d’avoir étudié ce modèle animal est d’avoir été envoyée faire mes expériences au Panama, milieu naturel de ces papillons, et d’échapper à l’hiver britannique.

Puis, le dessin a fini par me rattraper. Non pas que je l’avais délaissé ; je réalisais ici et là, quelques portraits pour des particuliers, des amis, la famille, et dessinais des animaux pour mon propre plaisir. Cela a pris de l’ampleur, les demandes se sont multipliée, et j’ai progressivement pris goût à ce travail à temps plein. J’ai aussi réalisé que le métier de biologiste m’a plu et énormément apporté pendant un temps, mais qu’il n’était plus en accord avec mes aspirations pour ma vie future.

Aujourd’hui je me suis professionnalisée dans le portrait (humain et animalier). Les animaux restent au cœur de ma vie, d’une façon différente de ce que j’avais imaginée plus jeune. Mes clients me contactent via mes réseaux sociaux où je partage mes dessins. Parmi les commandes que je reçois, celles qui me touchent le plus sont celles en hommage à un animal qui a partagé la vie d’un ou d’une cliente. Il est toujours émouvant d’apprendre l’histoire derrière une telle demande et la gratification de savoir qu’un animal accompagnera encore un peu son humain grâce à moi est immense.

Louise Bestea

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