Il y a actuellement 9,9 millions de chiens en France, les enfants les croisent tous les jours à la sortie des classes ou ailleurs sans avoir jamais appris à les connaitre.
Le défaut d’éducation au langage canin chez le jeune enfant constitue un facteur de risque
86% des morsures chez les enfants ont lieu avec des chiens connus, le plus souvent le chien de famille. Pour PECCRAM, on ne fera pas la différence entre chien connu ou inconnu. On doit éduquer tous les enfants et pas seulement ceux qui ont un chien. 68% des morsures ont lieu dans une habitation. Tous les enfants peuvent rencontrer un chien dans une habitation hors de chez eux.
Le programme PECCRAM (Programme d’Éducation à la Connaissance du Chien et au Risque d’Accident par Morsure) a donc été conçu pour apprendre et éduquer les enfants pour avoir les comportements adéquats à adopter avec les chiens.
On y apprend les signes du langage canin et reconnaitre les signes de stress et d’inconfort (Signaux d’apaisement) tels que les oreilles plaquées, les poils hérissés, le détournement de la tête et/ou du corps.
On leur apprend également les règles d’or avec les chiens pour approcher et interagir en toute sécurité avec eux : ne pas courir après le chien, demander la permission au propriétaire et à l’animal avant de le caresser…
Enfin, cette démarche pédagogique est surtout faite pour améliorer le vivre ensemble et respecter le vivant de manière générale. En apprenant à comprendre les différences qui existent entre un chien et un humain, l’enfant prend conscience que chacun peut être différent et qu’il est tout de même possible de vivre ensemble. Cette initiative vient également renforcer la lutte contre le harcèlement par exemple en prônant des valeurs de bienveillance et de respect.
Ce programme devrait s’inscrire dans un maximum d’établissements recevant des enfants avec pour leitmotiv « programme de droit public » car il est de notre devoir d’adulte d’enseigner à nos enfants comment interagir avec un chien pour préserver leur sécurité, mais aussi pour respecter les émotions de l’animal.
Pourquoi ce programme devrait se répandre au maximum ?
Car sans éducation au langage canin, 50 à 65% des 3/5 ans ne savent pas distinguer un chien stressé ou peureux d’un chien heureux ! Après éducation au langage canin, ce chiffre descend à 17% pour les 3/5 ans et 0% pour les adultes ! Les moins de 10 ans sont les plus vulnérables aux morsures de chiens dont 50% sont situées au cou et au visage.
Eduquer l’enfant, c’est protéger l’enfant et protéger le chien. En effet, une morsure peut créer chez l’enfant un vrai traumatisme psychique et physique à vie. De plus, pour le chien qui a mordu, cela se finit parfois par un abandon voire une euthanasie.
Comment se déroule ce programme ?
Les ateliers peuvent être animés en milieu scolaire pour les maternelles et primaires (pendant les temps scolaires et périscolaires), dans les centres aérés, les CPE, les services de garde, mais également dans les médiathèques, lieux de loisirs ou à domicile dans les entreprises et chez les particuliers.
Les ateliers sont destinés aux enfants de 4 à 10 ans mais peuvent également s’adapter à d’autres âges s’il y a de la demande. On y retrouve la totalité de la classe durant le temps scolaire ou une dizaine d’enfants hors contexte scolaire.
Le programme peut se faire en une seule séance de 2h ou de 6h pour la version complète. Il est composé de différents thèmes abordés de façon ludique et interactive avec les enfants où on interroge ces derniers et à l’aide de jeux de rôles pour un compréhension maximale des enseignements. Ils sont également accessibles aux jeunes enfants. Ils permettent ainsi d’ancrer durablement des comportements sécuritaires, tout en développant chez les enfants une attitude respectueuse envers les chiens.
Par exemple : Jeux de rôle avec un chien en peluche ou réel pour apprendre aux enfants comment approcher un chien en toute sécurité.
Les expressions corporelles des chiens pour apprendre à interpréter le langage corporel des chiens. L’éducateur montre aux enfants des images de chiens avec différentes postures (oreilles baissées, queue entre les jambes, dents découvertes, etc.). Les enfants doivent dire si le chien est content, inquiet, ou s’il se sent menacé. Une discussion suit sur ce qu’il faut faire dans chaque situation (par exemple, s’éloigner doucement d’un chien qui montre des signes d’agressivité).
Simulations de situations du quotidien où les enfants sont placés dans des mises en scène simulant des rencontres courantes avec des chiens. Par exemple, comment se comporter si un chien inconnu vient vers eux dans la rue ou s’ils visitent un ami qui possède un chien. On y apprend également les postures d’urgence en cas d’incident dans la vie réelle. Et bien d’autres exercices sur les émotions, la citoyenneté, la zone de confort du chien, etc…
L’avenir de PECCRAM
Ce programme rencontre un énorme succès et commence à se répandre très vite en France. En tant que professionnelle du monde canin, j’ai à cœur de transmettre et d’apprendre ces enseignements aux enfants, qui seront nos adultes de demain et nos ambassadeurs actuels.
À l’heure où la place de l’animal dans nos vies est plus importante que jamais, PECCRAM apporte une réponse concrète à la nécessité de vivre en harmonie avec nos compagnons à quatre pattes. Grâce à l’éducation, il est possible de prévenir les accidents et de construire une relation sereine et bienveillante entre l’enfant et l’animal. En somme, PECCRAM est bien plus qu’un simple programme de prévention : c’est un levier éducatif majeur pour instaurer une culture de respect et de responsabilité envers les chiens, mais aussi plus largement, envers tous les animaux.
Aurélie Fourgeaud
Comportementaliste-éducateur canin et félin