Bien-être animalActualitésAnimaliste, les coulisses d’un combat

Christophe Marie10 décembre 202415 min

Défendre les animaux est aujourd’hui un combat reconnu, du moins il n’est plus moqué ni ridiculisé comme il pouvait l’être il y a quelques années encore. Dans Animaliste*, sorti en juin 2024, je reviens sur cette évolution que j’ai pu observer durant les plus de trente ans passés auprès de Brigitte Bardot, au sein de sa Fondation.

Notre rapport à l’animal a profondément évolué, c’est une évidence, certains intellectuels, scientifiques, journalistes et politiques n’hésitent plus désormais à prendre position en faveur des animaux, sans être taxés de sensiblerie déplacée.

Pour autant, le combat contre l’exploitation animale, les cruautés banalisées, doit être mené. Un combat sur le terrain pour venir en aide aux animaux, mais aussi auprès des politiques pour renforcer les réglementations.

Pendant plus de trente ans, aux côtés de Brigitte Bardot, j’ai eu la chance de pouvoir m’engager totalement dans un combat contre l’injustice faite aux animaux, cet engagement n’a jamais été un sacrifice mais un privilège. Ce combat se poursuit aujourd’hui au sein de la Fondation 30 Millions d’Amis.

Avec Animaliste je ferme un chapitre mais ce livre est d’abord une invitation à participer de l’intérieur aux actions « coup de poing », menées en mer aux côtés de Sea Shepherd, dans les arènes du sud de la France avec le regretté Jean-Pierre Garrigues, dans les quartiers nord de Marseille sur des sites clandestins lors des sacrifices de l’Aïd el-Kebir… Ce n’est pas un énième livre philosophique sur notre rapport à l’animal, Animaliste est ancré dans une réalité souvent violente, envers les animaux mais aussi envers ceux qui les défendent.

Moments plus intimes également, lorsque Paul Watson retrouve Brigitte Bardot 30 ans après leur action sur la banquise canadienne contre le massacre des phoques, un Paul Watson petit garçon intimidé face à l’icône BB, la fidélité de Pamela Anderson toujours engagée et disponible pour nous accompagner lorsqu’il s’agit de défendre les animaux, comme cette fois à l’Assemblée nationale pour dénoncer le gavage des canards où elle a été victime du sexisme et de la vulgarité des députés français.

Ce qui m’a semblé pertinent aussi c’est d’expliquer la difficulté d’un combat lorsqu’il y a peu de leviers pour agir, c’est le cas avec les massacres de cétacés aux Iles Féroé.

En 2010, lors de la 1ère mission, nous étions suivis par la navy danoise, avec descentes de police à bord. C’est lors de cette mission que le cétologue François-Xavier Pelletier a découvert et filmé le charnier sous-marin où sont rejetés et entassés les cadavres après les massacres. A l’issue, nous nous sommes rendus au Parlement européen avec Lamya Essemlali pour mobiliser les eurodéputés. La tâche est complexe car les îles Féroé ne sont pas membres de l’UE, donc pas tenues de faire appliquer la directive Habitats, idem pour le Convention de Berne dont l’archipel n’est pas signataire. Nous avons toutefois poursuivi le combat et c’est probablement ce qu’a motivé le Danemark en 2024 à maintenir Paul Watson en détention, préférant défendre la chasse baleinière japonaise plutôt qu’entendre la défense de Paul Watson sur son innocence, preuves à l’appui.

En compagnie du cétologue François-Xavier Pelletier et Lamya Essemlali

On le voit, la « justice » peut tenter de broyer l’opposition à l’exploitation animale avec des condamnations disproportionnées, comme j’ai pu en faire les frais pour avoir coorganisé l’action anti-corrida de Rion-des-Landes, en 2013, où de nombreux militants ont été blessés… et non les spectateurs pourtant présentés en victimes.

Dans ce combat il y a de belles victoires aussi, des animaux qui ont connu le pire de l’homme, subi les pires sévices, à qui nous offrons une nouvelle vie après des années de cauchemar. Je reviens aussi sur la construction d’une victoire, du règlement UE pour interdire les produits issus de la chasse aux phoques à la loi de lutte contre la maltraitance animale adoptée en novembre 2021. Cette loi qui porte des améliorations comme il n’y en a jamais eu avant en France n’aurait pu voir le jour sans l’initiative d’Hugo Clément de lancer un Référendum d’Initiative Partagée (RIP Animaux), suivie de la Proposition de loi défendue par Cédric Villani sur niche parlementaire, puis le texte de la majorité, porté par Laëtitia Romero-Dias, Dimitri Houbron et Loïc Dombreval avec les avancées que nous connaissons : l’interdiction des élevages de visons pour la fourrure, des manèges à poneys, des montreurs d’ours et de loups, des spectacles de cétacés en 2026 et d’animaux sauvages dans les cirques en 2028, de la vente de chiens et de chats dans les animaleries ou d’un renforcement des peines pour les actes de cruauté.

Pour autant, l’accueil des animaux issus des cirques et delphinariums n’est pas prêt, l’interdiction de la vente de chiens et de chats en animalerie est détournée par une vente en ligne avec retrait en magasin, sorte de click & collect.

Il reste beaucoup à faire mais les opportunités ne manquent pas, dans un prochain article pour Savoir Animal je présenterai les enjeux majeurs à venir, essentiellement européens vu le chaos de la situation politique en France.

En attendant, j’espère que ce témoignage Animaliste permettra aux lecteurs d’être informés et sensibilisés, leur donnera l’envie et la force d’agir contre l’injustice dont sont victimes les animaux.

*Animaliste, aux éditions Spinelle


Christophe Marie
Site Web | Autres articles

Directeur Affaires nationales et européennes à la Fondation 30 Millions d'Amis, auteur "Animaliste" ; "Lutter contre la souffrance animale - Pour une Europe des animaux"

Il y a un commentaire

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.