EnvironnementActualitésAlerte sur l’inaction pour la biodiversité et les animaux : l’Etat français dans le viseur

One Voice9 juillet 202511 min

Ce lundi 7 juillet 2025 est sorti le nouveau rapport évaluant l’application de la mise en œuvre des lois et des politiques environnementales de l’Union européenne au niveau global et national. Dénommé EIR (Environmental Implementation Review), cet examen est un outil important pour déterminer si l’État français est un bon élève… Il fait suite notamment à la réunion du 2 juillet, lors de laquelle nous avons été reçus par la Direction générale pour l’environnement de la Commission européenne. Un échange riche de plus de 3h30 s’est déroulé sur les enjeux auxquels sont confrontés la nature et la biodiversité, mais surtout le constat alarmant sur ce qu’il reste à accomplir au niveau politique et législatif.

L’EIR nouvellement publié montre une fois de plus les nombreux travaux à entreprendre pour la nature. Au prisme de graphiques très représentatifs, la France tire un bilan qui n’est pas meilleur qu’en 2022, dénotant quelques avancées bafouées par des choix incompréhensibles. Malgré la stratégie nationale en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, la protection de la nature reste particulièrement préoccupante. 

  • À quand une pollution zéro ?

Le Gouvernement doit faire des efforts pour réduire la pollution atmosphérique. Il est par ailleurs demandé de garantir l’accès des citoyens à des informations claires et transparentes sur les risques et les comportements à adopter en cas d’accident concernant les pollutions des industriels, ainsi que leur intensité. 

La Directive « Seveso III » et celle sur « l’eau » visent à réduire l’altération due aux rejets de nutriments, de substances chimiques et de métaux dans les rivières. Sur ce point, et après la fermeture de tous les élevages de visons pour la fourrure, One Voice dénonce les projets d’ouverture et d’agrandissement des élevages piscicoles, mais aussi ceux concernant l’expérimentation animale qui polluent jusqu’aux fleuves et mers…

  • Biodiversité et capital naturel souffrants

Il y a trois ans déjà, la France était sommée de compléter son réseau Natura 2000 en raison des insuffisances relevées concernant les oiseaux migrateurs et les zones côtières marines. Ces sites de protection étaient de 13% en 2023, mais beaucoup d’efforts restent à fournir, en particulier pour le milieu marin. Essentielles à l’application des Directives « Oiseaux » et « Habitats », les actions prioritaires sont axées sur des mesures efficaces de restauration des habitats et des espèces qui se trouvent dans un mauvais état de conservation. Des thématiques que One Voice a largement contribué à alimenter grâce à ses campagnes (enquêtesprocédures, actions de terrain, plaidoyers…) sur la défense de ces animaux.

Des pratiques agro-environnementales sont privilégiées pour assurer le respect de la législation européenne. Aujourd’hui, seuls 9,87 % des terres sont concernés par l’usage du bio… Il en résulte que la France ne contribue pas suffisamment à l’objectif de 25 % des terres agricoles de l’UE couvertes par ces cultures d’ici à 2030. Et ce but risque difficilement d’être atteint avec la réintroduction des néonicotinoïdes, tueurs des pollinisateurs et avec eux de l’ensemble de la biodiversité…

Pire, les incendies de forêt sont très préoccupants. Alors que la France a depuis 2021 l’intention de planter un milliard d’arbres et de renouveler 10 % de sa surface forestière d’ici à 2032, plus de 780 600 hectares de forêt sont partis en fumée rien qu’en 2022. La préservation de ces zones est plus qu’essentielle pour protéger les animaux sauvages et les écosystèmes, et il devient urgent de respecter le règlement européen sur les produits « zéro déforestation ».

  • Action pour le climat : halte à la canicule ?

L’État français patine quand il s’agit de préserver les animaux et la biodiversité. Entre 1990 et 2022, les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) de la France étaient de 28 %, ce qui en fait l’un des pays à avoir enregistré une diminution inférieure à la moyenne. Par exemple, l’urbanisation massive, représentant 21 % des rejets, doit être réduite de 22 %. Plus que jamais, l’absentéisme concernant les objectifs 2030 favorise les périodes de canicule. Depuis de nombreuses années, les scientifiques alertent les pouvoirs publics sur les risques d’une accélération trop rapide des températures. Les animaux, plus encore que nous, en subissent les conséquences.

Pourquoi la stratégie privilégiée est-elle de fermer les yeux sur les conséquences de cette inertie ? Les déficiences observées peuvent donner lieu à des infractions importantes qui nuisent aux finances. La Direction générale pour l’environnement estime le coût du manque d’application du droit de l’Union européenne à 180 milliards d’euros (soit 1 % du PIB européen), alors que le coût de l’action est, quant à lui, bien inférieur : 120 milliards d’euros. Des économies réelles seraient possibles et ce dès maintenant, pas dans un futur lointain, surtout pour une nature si précieuse et essentielle pour tous. Pour ce faire, la Commission européenne souligne la possibilité pour les États membres d’user de « Crédits nature » destinés à récompenser les actions positives en faveur de la nature par le biais d’investissements, notamment privés.

Nous appelons le public, avec nous, à interpeller les décideurs publics contre leur inaction et à les exhorter à prendre leurs responsabilités quant à la mise en œuvre de politiques efficaces pour l’environnement. Pour les animaux, la biodiversité, les écosystèmes, et notre santé, notre combat résonne encore plus fort !


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