Numéro 21Animaux sauvagesL’ombre de la criminalité faunique sur les aires protégées : le cas des tortues marines et des lamentins d’Afrique dans le Parc Marin des Mangroves

Myong Cham Kandolo Victoir15 octobre 20253 min

Les parcs et réserves naturelles sont créés pour protéger les écosystèmes et les espèces qui y vivent. Ce sont des sanctuaires de la biodiversité. Malheureusement, ils sont aussi le terrain d’une criminalité invisible et pourtant destructrice : la criminalité faunique.

Cette menace mondiale ne se limite pas aux grands mammifères africains, elle frappe aussi de plein fouet les écosystèmes marins et côtiers. Les populations de tortues marines et de lamentins d’Afrique, comme celles du Parc Marin des Mangroves en République démocratique du Congo, en sont les tristes victimes.

Dans de nombreux parcs marins, les tortues marines ne sont pas à l’abri. Elles sont victimes de la pêche illégale, capturées accidentellement par des filets fantômes ou ciblées pour la revente de leur chair, de leur carapace ou de leurs œufs. La demande du marché noir alimente ce trafic, poussant les braconniers à s’aventurer dans des zones censées être protégées.

Le lamentin d’Afrique (Trichechus senegalensis), une espèce classée vulnérable, fait face à des menaces similaires. En tant qu’herbivore marin, il joue un rôle crucial dans l’équilibre de son écosystème, mais il est de plus en plus la cible des braconniers. Il est chassé illégalement pour sa chair et sa graisse. Sa présence dans le Parc Marin des Mangroves, un habitat vital pour l’espèce, le rend particulièrement exposé à ces pressions.

Les gardes-forestiers et les agents des aires protégées se retrouvent en première ligne face à ces réseaux criminels. Les défis sont immenses : surveiller de vastes étendues d’eau, coopérer avec les communautés locales pour les sensibiliser et recueillir des informations, et s’assurer que les lois sont appliquées de manière rigoureuse. La criminalité faunique s’organise et se renforce, souvent au détriment d’espèces pacifiques et fragiles.

Tortue luth

Heureusement, de nombreuses initiatives sont mises en place pour contrer la criminalité faunique. L’éducation des populations locales sur l’importance de la conservation et le développement d’alternatives économiques durables sont des pistes essentielles pour réduire le braconnage.

De plus, la technologie joue un rôle croissant. L’utilisation de drones, de systèmes de surveillance par satellite et de patrouilles maritimes plus efficaces permet de mieux protéger les habitats critiques. La collaboration entre les différentes organisations de conservation, les forces de l’ordre et les gouvernements est également cruciale pour démanteler les réseaux de trafiquants et garantir un avenir pour ces espèces emblématiques.

Tortue olivâtre

En protégeant les tortues marines et les lamentins d’Afrique, nous ne protégeons pas seulement une espèce, mais un écosystème tout entier. Les aires protégées sont l’une de nos meilleures défenses contre l’extinction, et leur préservation dépend de notre capacité à lutter sans relâche contre cette criminalité faunique.


Myong Cham Kandolo Victoir
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Parc Marin des Mangroves

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