Marignane a inauguré son cimetière animalier et sa stèle aux animaux héros le samedi 14 juin 2025 devant un public nombreux et des brigades cynophiles (gendarmes, policiers etc).

Depuis la loi du 06 juin 2015 inscrite dans le code rural, il est interdit de l’enfouir dans son jardin ou en tout autre lieu non autorisé, peu importe que l’animal fasse moins de 40 kg. L’article L 228-5 du code rural et de la pêche maritime dispose en effet que « -Est puni de 3 750 € d’amende le fait de :
1° Jeter en quelque lieu que ce soit des sous-produits animaux ou produits dérivés au sens de l’article 3 du règlement (CE) n° 1069/2009 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 établissant des règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux et produits dérivés non destinés à la consommation humaine ;
2° Ne pas effectuer les déclarations prescrites à l’article L. 226-6 ou ne pas remettre à la personne chargée d’une activité d’équarrissage les sous-produits animaux ou les produits dérivés dont la collecte est obligatoire ;
3° Exercer à la fois une activité d’équarrissage et une activité de commerce ou de transport d’animaux, de viandes ou de produits carnés destinés à la consommation humaine dans des conditions ne répondant pas à celles définies à l’article L. 226-7 ;
4° Exercer, en méconnaissance de l’article L. 226-7, une activité d’équarrissage dans un établissement au sein duquel est exercée une activité de commerce ou de transport d’animaux, de viandes ou de produits carnés destinés à la consommation humaine ;
5° Pour une personne mentionnée à l’article L. 226-3 ne justifiant pas disposer d’un outil de traitement agréé, ne pas avoir conclu un contrat ou cotisé à une structure ayant conclu un contrat lui garantissant, pendant une période d’au moins un an, la collecte et le traitement, dans les conditions mentionnées à cet article, des animaux d’élevage morts dans son exploitation.
II.-Est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende le fait :
1° Pour un exploitant, que l’établissement sous son contrôle au sens du règlement (CE) n° 1069/2009 du 21 octobre 2009 précédemment mentionné ne soit pas enregistré ou agréé dans les conditions prévues aux articles 23 et 24 de ce même règlement ;
2° D’utiliser ou éliminer des sous-produits animaux ou des produits dérivés dans des conditions autres que celles prévues par les articles 11 à 20 du même règlement ou les dispositions prises pour leur application. » L’article 98 du règlement sanitaire départemental confirme cette interdiction . Il est donc interdit de jeter la dépouille d’un animal dans les poubelles ne recueillant que les ordures ménagères tout comme on ne doit pas enfouir le cadavre d’un animal dans son jardin ou sur le domaine public.
Dans ces conditions que faire ? Marignane propose désormais un service public de gestion des dépouilles animales mais le cimetière n’est pas qu’un espace de dépôt. Si la commune met à la disposition des détenteurs d’animaux endeuillés des colombariums et un puits du souvenir, c’est que la commune a souhaité offrir au disparu, un espace de repos digne et entretenu. Un lieu serein.
Ce lieu de recueillement est également conçu comme un lieu de partage. A l’instar de l’entreprise madrilène PATITAS and co qui offre trois jours de congés payés à un salarié qui vient de perdre son animal, la commune reconnaît les souffrances d’une personne qui a perdu son compagnon de vie. Ces personnes pleurent leur animal comme un membre de la famille et ressentent un vide immense. Ce n’était pas juste un chien, juste un chat, juste un oiseau… Ainsi, ces personnes pourront se retrouver et discuter en se remémorant les bons moments passés avec leur compagnon disparu. Et si d’aventure ces personnes ont adopté un autre compagnon, elles pourront venir balader avec lui.

Le mémorial « aux animaux héros » comprend une stèle à tête de chien loup entouré d’animaux combattants mais également un poème en mémoire à tous les animaux. Ce mémorial a été conçu et réalisé par les élèves de la section BAC CHAUDRONNERIE du lycée BLERIOT , sous la direction de leur professeur Monsieur ASTIER. Les animaux ont combattu à nos côtés durant les conflits : les équidés, les chiens combattants, les chiens sentinelles, les chiens sanitaires, les pigeons messagers et même les chats ont donné leur vie pour nous. 11 millions d’équidés, 100 000 chiens et 200 000 pigeons ont été enrôlés dans la Grande guerre…Il était normal de leur rendre hommage.

Qui ne se souvent pas du dessin animé Vaillant, pigeon de combats ? Ce pigeon a réellement existé : il se nommait Cher Ami, a participé à la bataille de Verdun en 1916. Il a sauvé 194 hommes et a été décoré de la croix d’honneur.
Plus proche de nous, Diesel, un berger belge, a fait preuve d’un courage extrême pour sauver des victimes d’actes de terrorisme mais a été tué le 18 novembre 2015 lors de l’assaut donné par le RAID.
La stèle inaugurée ce jour est universelle : elle s’adresse à tous les animaux au service de l’Homme : animal sauveteur, animal en recherche d’explosifs, en recherche lors des tremblements de terre de personnes ensevelies ou immergées, chien guide d’aveugle, chien guide, chien détecteur de maladie, animal militaire en tant qu’appui au combat débarqué…
Cette stèle rappelle le sacrifice des animaux héros mais est aussi une porte ouverte sur l’avenir pour rappeler le rôle bénéfique de l’animal dans la société.


Véronique Tardy
Avocate près la Cour d’appel d’Aix en Provence
Titulaire du D.U. en droit animalier
Présidente de l’association de protection animale reconnue d’intérêt général, La paix entre les bêtes