One Voice a pu se procurer une instruction signée des ministres de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire et transmise aux préfectures fin avril 2025. L’intention est claire : inciter les mairies à accepter l’installation de cirques itinérants dans leurs communes et inviter les préfets à contrôler les décisions des édiles qui s’y opposent. One Voice dénonce cette prise de position qui démontre clairement que l’État n’a que faire du sort des animaux captifs ; et l’exhorte à mener des contrôles des cirques et faire respecter la loi en matière de bien-être animal.
« Faciliter l’accès des professions foraines et circassiennes au domaine public » : le ton est (re)donné. C’est par cette phrase sans ambiguïté que les ministres ont débuté leur dernière instruction ministérielle relative à l’accueil des cirques itinérants sur les territoires des communes. Objectif ? Rappeler aux préfets que les maires ne peuvent pas refuser leur installation au motif qu’ils exploitent des animaux sauvages, l’interdiction ne s’appliquant qu’à compter de 2028.
Professionnels de la maltraitance
En 2021 déjà, nous dénoncions cette même prise de position de l’État qui, au lieu d’anticiper le placement en sanctuaire d’animaux dont la détention était promise à une interdiction prochaine, préfère encourager leur maintien dans des camions-cages le plus longtemps possible.
Ces dernières années, nous avons obtenu la condamnation de multiples dresseurs, prouvant ce que nous avons toujours dénoncé : les circassiens n’aiment pas leurs animaux « comme leur famille », mais sont uniquement intéressés par l’argent qu’ils leur rapportent.
Entre autres :
- Plusieurs membres de la famille Gougeon, du Cirque de Paris : reconnu coupable en première instance (confirmé en appel) des sévices commis à l’encontre du lion Jon et des lionnes Céleste, Patty, Hannah et Marli et condamné à deux mois de prison avec sursis, cinq peines d’amende, l’interdiction d’exercer une activité professionnelle avec des animaux et confiscation définitive des félins.
- Teddy Gougeon et Antonia Fleury, du Cirque William Zavatta : reconnu coupable de mauvais traitements commis par un professionnel, condamné à six mois de prison avec sursis et une peine d’interdiction de détenir des animaux non domestiques pendant cinq ans. Les trois lions concernés par la plainte n’ont jamais été retrouvés.
- Mario Masson : reconnu coupable de mauvais traitements commis par un professionnel sur dix tigres qu’il enfermait en permanence dans un camion, d’exploitation irrégulière d’un établissement détenant des animaux non domestiques de 2019 à 2020, ou encore d’acquisitions et cessions irrégulières d’animaux ainsi que d’infractions au droit du travail et d’escroquerie.
- Gilbert Bauer, dresseur de l’éléphante Baby, enfermée dans un camion quand elle n’était pas soumise aux représentations.
- Alexandre Muller, condamné car il ne détenait pas les autorisations nécessaires pour détenir l’hippopotame Jumbo, en plus des mauvais traitements qu’il lui faisait subir.
- Le couple Poliakov qui exploitait les ours Micha, Bony et Glasha reconnu coupable — bien que condamné très légèrement.
- Sans compter les nombreuses procédures en cours pour lesquelles nous attendons les dates d’audience.
Forcer les cirques avec animaux à respecter la loi ? Que nenni…
Dans cette note ministérielle, pas un mot sur les installations en force ; rien pour aiguiller les mairies ni les aider à gérer les débordements des circassiens qui s’accaparent le domaine public sans autorisation et menacent ceux qui tentent de les en empêcher : les Muller qui détiennent Jumbo sont spécialistes en la matière : dans les Alpes-Maritimes, le Vaucluse ou le Gard, la majorité — si ce n’est la totalité — de leurs spectacles a lieu en toute illégalité.
En Ile-de-France ou à Strasbourg, leur cousin, patron du Cirque Franco-Belge, n’est pas en reste.
De même pour le cirque d’Europe où Max Aucante persiste à exploiter Samba d’une main de fer depuis des décennies, et auquel la maire de Noisy-le-Grand s’était opposée.
Et dans ces cas-là, l’État est aux abonnés absents, laissant les autorités locales livrées à leur sort pour régler la situation.
L’État complice
Étonnant ? Pas vraiment, quand sait que l’État lui-même ne respecte pas la loi. Depuis le 1er décembre 2023, la reproduction des animaux sauvages est interdite dans les établissements itinérants. Oui, mais… l’arrêté d’application censé définir l’interdiction et prévoir les sanctions n’a toujours pas été publié. Résultat, des petits continuent à naître en toute illégalité, venant grossir les rangs de ceux qu’il faudra inexorablement placer en sanctuaire s’ils échappent aux magouilles et trafics en tous genres…
Cette nouvelle instruction est une énième preuve — s’il en était besoin — que nos dirigeants n’ont que faire de la souffrance des animaux exploités pour le spectacle. Peut-être attendent-ils que chacun d’entre eux meure dans les camions et sous les chapiteaux avant de finir chez les taxidermistes pour ne pas avoir à s’embêter outre mesure à trouver des places en sanctuaire ? Nous appelons le public à, avec nous, demander l’interdiction (réelle !) des animaux dans les cirques.
Photo : ©One Voice
