Un havre de paix inédit s’apprête à ouvrir ses portes en pleine campagne gersoise, sous forme de petits chalets d’accueil pour les animaux victimes de maltraitance confisqués sur décision de justice. Ce refuge pilote, une première en France, offrira une seconde chance à ces chiens saisis à leurs propriétaires maltraitants, dans un environnement sécurisant et tenu confidentiel. L’adresse exacte reste en effet secrète, afin de prévenir toute tentative des anciens tortionnaires de retrouver les animaux.
Conçu à taille humaine avec une approche « cocooning », le refuge tranche avec les structures classiques. Ici, pas de box exigus de quelques mètres carrés : chaque pensionnaire bénéficiera d’un chalet individuel d’environ 16 m², au milieu de la verdure, pour favoriser son bien-être et sa reconstruction. Des éducateurs canins et des vétérinaires bénévoles accompagneront ces animaux traumatisés, en leur offrant soins, jeux et stimulations pour faciliter leur réhabilitation. « Il nous est arrivé, faute de place, de devoir rendre des chiens à leur tortionnaire, c’est une double peine quand on connaît l’horreur qu’ils subissent », témoigne Céline Gardel, présidente de l’association Les 4 Pattounes et capitaine de police. Ce constat a poussé cette policière engagée à lancer ce projet unique.
Porté par l’association toulousaine Les 4 Pattounes, le refuge du Gers a été élaboré en collaboration avec des professionnels de tous horizons : vétérinaires, éducateurs, forces de l’ordre, magistrats, architectes… Ensemble, ils apportent une réponse concrète à une problématique judiciaire jusqu’ici peu prise en charge. En effet, malgré la création récente d’un pôle spécialisé « environnement et maltraitance animale » au parquet de Toulouse – une première en France – la maltraitance animale reste largement sous-traitée par manque de moyens. Elle ne représente encore que 0,5 à 1 % des activités des parquets et commissariats. Pour y remédier, Céline Gardel et son équipe ont déjà formé plus de 7 000 policiers, gendarmes et référents à travers le pays, afin de mieux identifier et traiter ces dossiers selon la loi. Le cadre légal a évolué avec l’article 99-1 du Code de procédure pénale, qui permet la confiscation provisoire des animaux maltraités durant l’enquête. Encore fallait-il disposer de structures d’accueil : c’est désormais chose faite avec ce premier refuge pilote.
L’association Les 4 Pattounes ambitionne d’étendre ce modèle de pavillon d’accueil sécurisé à d’autres départements dans les années à venir, pour que plus aucun animal saisi ne soit renvoyé chez son bourreau faute de solution. En attendant, huit chiens pourront être accueillis dès cet été dans le Gers, grâce à ces chalets neufs financés par la générosité publique. Le projet repose en effet entièrement sur les dons. L’association a lancé une cagnotte sur la plateforme HelloAsso et appelle tous les amis des animaux à y contribuer, afin d’offrir un nouveau départ à ces victimes et pérenniser cette initiative pionnière en protection animale.
Céline Gardel
Capitaine de police et Présidente de l’association Les 4 pattounes
