Numéro 19Animaux domestiquesL’évolution du bien-être animal : des besoins fondamentaux à l’épanouissement

Grétel Cuvelier15 avril 20254 min

En tant que comportementaliste félin, le bien-être animal est au cœur de ma pratique. Je suis convaincue de l’importance de partager les connaissances sur ce sujet et de sensibiliser les propriétaires de chats à leurs besoins fondamentaux. 

L’étude du bien-être animal conduit inévitablement à la découverte des cinq besoins fondamentaux. Ces besoins, définis par le Farm Animal Welfare Council (FAWC) en 1979, en Grande-Bretagne, englobent des impératifs biologiques communs à tous les animaux, leur évitant de souffrir :

  1. “l’absence de faim, de soif et de malnutrition”
  2. “l’absence de peur et de détresse”
  3. “l’absence de stress physique et/ou thermique”
  4. “l’absence de douleurs, de lésions et de maladie”
  5. “la liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce”

Le bien-être animal, que ce soit concernant les animaux de rente ou de compagnie, est devenu une préoccupation sociétale majeure, comme en témoigne le dernier baromètre 30 millions d’amis/Ifop (janvier 2025) avec, par exemple, 83% des Français qui sont favorables à l’interdiction de l’élevage intensif, 84% qui veulent l’interdiction de la vente en ligne de tous les animaux ou encore 89% qui jugent inacceptable l’abattage des animaux sans étourdissement préalable. 

Les mentalités et la définition du bien-être animal ont considérablement évolué depuis 1979. Il ne s’agit plus seulement d’éviter les expériences négatives, mais aussi d’offrir aux animaux la possibilité de vivre des expériences positives et d’être heureux, en tenant compte de leurs besoins spécifiques et de leur individualité.

La notion de Positive Animal Welfare (PAW) propose de considérer le bien-être animal comme la recherche d’un état mental positif, allant au-delà de la simple absence de mal-être et de la limitation des expériences négatives. Elle permet d’orienter de façon plus précise et d’harmoniser à l’échelle européenne les recherches sur le bien-être animal.

330 scientifiques de 42 pays européens, réunis au sein du réseau COST Action Lift, ont travaillé sur cette notion, faisant appel à diverses disciplines telles que, entre autres, l’éthologie, la neurobiologie, la psychologie expérimentale et la philosophie.

Jean Loup Rault, professeur et directeur de l’Institut de Sciences en Bien-Être Animal à l’Université de Médecine Vétérinaire de Vienne (Autriche), faisant partie de cette équipe de scientifiques, traduit la définition du positive Animal Welfare :

“Le bien-être animal positif est défini comme l’épanouissement de l’animal par la prédominance d’états mentaux positifs et le développement de ses compétences et de sa résilience. Le bien-être animal positif va au-delà de la garantie d’une bonne santé physique et de la prévention et de l’atténuation de la souffrance. Les états mentaux positifs résultent d’expériences gratifiantes, notamment de choix et d’opportunités de poursuivre activement des objectifs et d’atteindre les résultats souhaités, en fonction des capacités propres à l’espèce et à l’individu. Des facteurs génétiques, développementaux et résultant d’expériences diverses (par exemple, prénataux, dans le jeune âge, ou environnementaux) contribuent aux différences individuelles dans la capacité à atteindre un bien-être animal positif. Le bien-être animal positif peut être évalué à l’aide d’indicateurs collectés sur l’animal et peut être évalué sur différentes échelles de temps, contribuant ainsi à la représentation de la vie de l’animal”.

Cette approche met en avant quatre notions primordiales :

  • L’épanouissement : la prise en compte à long terme des émotions positives, de la satisfaction générale, des bonnes relations sociales, de l’accomplissement et du contrôle. C’est un sujet peu étudié de nos jours et qui s’inspire directement de la définition de l’épanouissement relatif à l’être humain.
  • Les états mentaux positifs : qu’ils soient de nature affective ou cognitive, ils impliquent les capacités spécifiques à une espèce, mais tiennent également compte de l’individualité de l’animal.
  • Le développement de compétences : donner à l’animal la possibilité de développer des compétences comportementales, émotionnelles et cognitives à travers des apprentissages, des jeux et des défis.
  • La résilience : offrir à l’animal la possibilité de se reconstruire suite à des perturbations environnementales.

Cette approche holistique du bien-être animal prend en compte non seulement la santé, mais aussi l’épanouissement émotionnel, en donnant aux animaux les moyens de transformer leurs émotions.

C’est dans cette optique que j’ai conçu des ateliers pédagogiques axés sur les 5 libertés fondamentales, qui restent un outil essentiel pour prendre conscience de ce qu’il faut éviter de faire subir à nos animaux de compagnie. Je suis également convaincue qu’il est important d’aller au-delà de ces principes fondamentaux pour permettre à nos chats, et leurs humains, de s’épanouir pleinement dans leur environnement.


Grétel Cuvelier
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Comportementaliste spécialiste de la relation chat-humain Cat-sitter certifiée

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