13 villes atteignent au moins 50 % des objectifs de la charte de L214 visant à améliorer la condition animale en ville
Le classement « Une ville pour les animaux » (UVPA) publié ce jour par L214 confirme que des mesures simples et efficaces peuvent être mises en place par les municipalités pour améliorer la condition animale. Ces actions, visant notamment à réduire le nombre d’animaux tués pour l’alimentation, sont déjà mises en place par plusieurs villes pionnières telles que Grenoble, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Lille, Pessac, Bordeaux, Paris ou Rouen. Toutefois, la majorité des 132 villes évaluées ne s’empare toujours pas pleinement de ces mesures, pourtant essentielles pour répondre aux enjeux éthique, climatique, sanitaire et de souveraineté alimentaire.
→ Classement « Une ville pour les animaux » 2024
Des villes notées selon un socle de 20 mesures pour les animaux
Évoluant depuis 2020, ce classement publié sur l’Observatoire « Politique et animaux » a pour but d’encourager un maximum de villes à atteindre les 20 objectifs « Une ville pour les animaux » d’ici la fin du mandat en 2026.
Ces mesures concernent non seulement la végétalisation de l’alimentation, mais aussi la prise en compte des animaux vivant en ville. Elles évaluent par exemple la mise en place d’une délégation municipale dédiée à la condition animale, la transparence des fourrières, ou encore la présence de critères de bien-être animal dans les marchés publics. D’autres mesures s’intéressent aux politiques de stérilisation des chats errants, aux alternatives à l’abattage des pigeons et à la promotion de l’adoption responsable des animaux.
→ La charte « Une ville pour les animaux »
Les villes les plus engagées en 2024
Treize villes ont atteint plus de la moitié des objectifs « Une ville pour les animaux » l’année dernière :
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Parmi les avancées notables :
- Grenoble (1re, 97 % des objectifs UVPA remplis), Rouen (9e, 57 %) et Vénissieux (24e, 30 %) ont participé au Veganuary, sensibilisant ainsi leurs habitants aux bénéfices d’une alimentation végétale.
- Grenoble et Carrières-sous-Poissy (10e, 54 %) ont mis en place une charte incitant les restaurateurs à proposer davantage d’alternatives végétales.
- Pessac (6e, 68 %), Clermont-Ferrand (19e, 40 %), Nantes (14e, 43 %), Mulhouse (41e, 16 %), Metz (21e, 33 %), Lille (5e, 70 %) et Montreuil (13e, 50 %) ont proscrit le foie gras de leurs réceptions officielles, rejoignant ainsi 14 autres villes ayant déjà adopté cette mesure depuis le début du mandat.
- Grenoble, Strasbourg (2e, 77 %), Lyon (3e, 77 %), Lille, Pessac, Bordeaux (7e, 66 %), Paris (8e, 65 %) et Rouen ont intégré des objectifs de réduction de la consommation de chair animale dans leurs documents stratégiques (plans d’action, SPASER, PAT, etc.).
Des maires passifs sur la nécessaire végétalisation de l’alimentation
Si certaines avancées sont à saluer – comme la mise en place de deux journées végétariennes hebdomadaires au Havre, ville d’Edouard Philippe (33e, 20 %) et d’une option végétarienne à Pau, fief de François Bayrou (75e, 6 %) – la végétalisation de l’alimentation reste marginale dans les politiques publiques de la plupart des villes.
Pourtant, intégrer des objectifs en ce sens et exclure les pires pratiques d’élevage et d’abattage de la commande publique présente de nombreux avantages :
- réduction du nombre d’animaux tués : une cantine scolaire servant 10 000 repas par jour et instaurant une journée végétalienne hebdomadaire épargne environ 7 500 animaux par an (selon les calculs de L214),
- objectifs climatiques : selon le GIEC, l’alimentation végétale est celle qui permet la plus forte réduction des émissions de gaz à effet de serre (IPCC, 2019),
- santé publique : réduire la consommation et l’importation de produits animaux contribue à la prévention des maladies (Haut Conseil pour le Climat, 2020),
- souveraineté alimentaire : privilégier les protéines végétales favorise les filières céréalières et légumineuses françaises (Ademe, 2022),
- attentes citoyennes : 83 % des Français souhaitent l’interdiction de l’élevage intensif (Baromètre Fondation 30 Millions d’Amis, Ifop, 2025).
Certains maires, pourtant bien informés des enjeux climatiques et alimentaires, restent en retrait sur ces questions. C’est le cas de l’ex-ministre de la Transition écologique Christophe Béchu à Angers (42e, 15 %), de l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll au Mans (103e, 1 %) ou encore du président de l’Association des maires de France David Lisnard à Cannes (69e, 9 %).
Rappel : 70 % des Français sont favorables à une option végétarienne obligatoire dans les cantines scolaires et 72 % à deux repas végétariens par semaine (Harris Interactive, RAC, 2023).
Repas végétariens dans les cantines scolaires : des avancées insuffisantes malgré de bons exemples
Sur 132 villes évaluées :
- seules 3 villes (Lyon, Montpellier, Paris) proposent deux journées végétariennes hebdomadaires ET une option quotidienne,
- 19 villes proposent deux journées végétariennes par semaine,
- 23 villes offrent une option végétarienne quotidienne.
Il est urgent que les municipalités prennent des mesures concrètes pour une alimentation plus respectueuse des animaux et plus durable pour toutes et tous.
Le classement par famille politique montre un net retard de la droite
Parmi les 13 villes ayant atteint plus de la 50 % des objectifs L214 :
- un podium 100 % EELV,
- répartition politique des 13 premières villes : 5 EELV, 5 PS, 1 Horizons, 1 PCF, 1 sans étiquette.
La première ville menée par un élu LR n’arrive qu’en 19e position (Metz), tandis que la première ville administrée par le RN n’apparaît qu’à la 51e place du classement (Perpignan).
Pour Erwin Goeller, chargé de la campagne « Une ville pour les animaux » : « Le classement 2024 prouve que les propositions portées par L214 pour améliorer la condition animale sont réalistes et atteignables. Ces mesures ne restreignent aucune liberté, elles offrent au contraire des alternatives clés en main plus respectueuses des animaux, de la santé publique et de l’environnement. Nous appelons les pouvoirs publics à adopter des politiques permettant de réduire de moitié le nombre d’animaux tués pour l’alimentation d’ici 2030. »
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