Numéro 18Animaux domestiquesComment définir une bonne relation homme chien ?

Claire Soulet15 janvier 20254 min

Souvent, des clients bienveillants me demandent : « Comment savoir si mon chien est heureux ? »
Je leur réponds que cela dépend en grande partie de leur relation avec leur chien. En effet, comment peut-on se dire heureux si, même en vivant dans un environnement sécurisé, notre relation avec ceux qui nous entourent n’est pas de qualité ?

Ce parallèle peut sembler anthropomorphique, et pourtant, il repose sur deux piliers communs à l’homme et au chien : les émotions et les besoins. Plus précisément, il s’agit du respect des émotions, du besoin de sécurité et du sentiment d’appartenance. Ces éléments sont essentiels pour tout animal social, y compris le chien de famille.

Bien sûr, on ne peut pas affirmer avec certitude que notre chien est heureux simplement parce qu’il a une bonne relation avec nous. Cependant, selon mes observations en tant que professionnelle après avoir travaillé avec de nombreux chiens de famille, cette relation est un facteur primordial.

Pour mieux comprendre ce qu’est une bonne relation, il me semble utile de définir ce qu’est une mauvaise relation. Je ne pense pas que tout soit aussi tranché en noir et blanc. Par exemple, crier une fois en cinq ans sur son chien ne fait pas de nous de mauvais propriétaires.

Une seule interaction négative, basée sur une punition coercitive, ne suffit pas à annuler tout le reste. Cependant, pour définir une relation positive avec son chien, il faut se baser sur des interactions bienveillantes et constantes. Inversement, une relation qui tend vers des interactions négatives doit également être analysée.

Le problème des interactions négatives est qu’elles ont tendance à se répéter. On peut imaginer cela comme un tableau : plus il y a d’interactions négatives (punitions, coercition, douleur, stress, besoins non comblés, etc.), plus le tableau se remplit de noir. Les conséquences sont claires : le chien perd progressivement confiance. De manière très vulgarisée : il en vient à “penser” : « Je ne peux pas faire confiance à mon humain, car il devient une base non sécurisante pour moi. »

Le système punitif ne traite pas les causes des comportements indésirables. Il se contente de réprimer la conséquence visible, c’est-à-dire le comportement du chien, sans chercher à comprendre l’origine du problème. Cela devient contre-productif, car nous nous lassons de voir ces comportements réapparaître. Alors, pour obtenir des solutions rapides (ce que nous, humains, aimons), nous avons recours à des outils coercitifs, des punitions, ou même l’exclusion du chien du groupe social. Mais en faisant cela, nous passons à côté du cœur du problème : nous ne prenons plus le temps de comprendre.

Le chien ne se sent alors ni compris, ni observé, ni entendu.
C’est ainsi que naît la relation conflictuelle.

Cela crée un cercle vicieux : plus la relation se détériore, moins le chien a confiance en nous, et moins il aura envie de nous écouter… ce qui fait que nous sommes perdants à tous les niveaux ! Ce qui rend une relation mauvaise, ce ne sont pas les erreurs que nous commettons (après tout, nous restons humains !), mais le fait de ne pas chercher à comprendre son chien et de s’appuyer sur un modèle punitif et coercitif.

Si vous comprenez où je veux en venir…

Ce qui est primordial, c’est le lien que vous entretenez avec votre chien tout au long de votre vie. Une base de confiance est indispensable, et pour cela, il faut devenir une figure de sécurité pour lui. Si vous rencontrez des problèmes avec votre chien, commencez par là.

  1. Se baser sur un modèle coopératif et sur la motivation pour les apprentissages.
  2. Combler les besoins de votre chien avant tout (besoins sociaux, sécurité, activités mentales, masticatoires, exploratoires, une alimentation adaptée, et un mode de vie correspondant à son espèce).
  3. Intégrer votre chien à votre foyer comme un membre à part entière de votre famille. Vous cohabitez ensemble! Il existe de nombreux foyers où les relations homme/chien sont quasi inexistantes : très peu d’interactions, pas d’attention de l’humain envers son chien, ou pire, le chien vit à l’extérieur du foyer.
  4. Devenez le guide de votre chien. Dites-lui ce qu’il doit faire plutôt que ce qu’il ne doit pas faire. Si je vous dis de ne surtout pas sortir de votre voiture, vous aurez probablement envie de faire le contraire, non ? C’est normal !
  5. Comprenez que le chien ne communique pas comme nous. Formez-vous, par exemple via des coachings avec des professionnels du comportement canin, et soyez cohérent et respectueux dans vos demandes.
  6. Si vous avez un problème avec votre chien, demandez-vous “Pourquoi adopte-t-il ce comportement ?” plutôt que “Comment faire pour le corriger ?” La solution vient en suivant. Consultez un professionnel bienveillant qui vous aidera à mieux comprendre la situation et à trouver des solutions respectueuses.

En conclusion, une bonne relation se base sur les piliers mentionnés ci-dessus. Elle dépend bien sûr de nos actions, mais aussi de nos non-actions et non-dits : comment agissons-nous avec notre chien au quotidien ? Est-ce que nous sommes présents pour lui ? Est-ce que nous nous investissons dans cette relation ?


Claire Soulet
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