Une enquête menée à Bron sur les animaux de compagnie en ville, dont les principaux résultats ont été présentés dans cette revue[1], s’intéressait également aux réponses à la fois des propriétaires d’animaux de compagnie et des non propriétaires. Il nous semblait en effet important de recueillir les avis de tous, même contradictoires, de façon à trouver des solutions pour un meilleur vivre ensemble.
Le premier constat est que les personnes ne possédant pas d’animaux de compagnie ont représenté 61 % des répondants. Ce résultat nous a étonné dans un premier temps, car nous pensions que ce questionnaire ne les intéresserait pas, mais cela montre que la présence des animaux de compagnie en ville concerne tous les habitants et est un sujet à réellement prendre en compte par les municipalités.
Avoir un animal : des contraintes aussi pour lui
La plupart des non propriétaires d’animaux de compagnie (92,6 %) a répondu ne pas souhaiter acquérir un animal de compagnie dans l’année à venir. L’impossibilité d’avoir un animal est évoquée, soit en raison d’allergies (12,5% des répondants), soit de peur des animaux (2,7 %). De plus, 35,7 % des répondants affirment ne pas avoir envie et/ou besoin d’un animal chez eux. Les autres raisons évoquées concernent les contraintes que représente la présence d’un animal : pour partir en vacances ou le faire garder en premier lieu, puis le sortir, ramasser les déjections ou la litière, les poils, les odeurs, etc. Cependant, plus d’un tiers des répondants indiquent également que les conditions de vie qu’ils ont à offrir à un animal ne lui sont pas adaptées, ou évoquent un manque de temps pour s’en occuper correctement, ou encore des contraintes financières. Ces points sont intéressants, car ils montrent que ces personnes ont conscience qu’elles ne pourraient pas répondre aux besoins d’un animal, et préfèrent ne pas en prendre un plutôt que lui offrir des conditions de vie inadaptées. Ces personnes se sont ainsi renseignées sur les besoins des animaux et leur démarche, loin de les rejeter pour les contraintes ou les dangers qu’ils représentent, considère au contraire leur bien-être, et elle est responsable.
Un animal pour combler les besoins humains
La minorité de non propriétaires qui prévoyait d’acquérir un animal dans l’année (7,4 %) souhaitait avant tout un chien (78 %). Les deux tiers d’entre eux déclaraient avoir envie d’un compagnon animal, mais la proportion diminuait à 55 % concernant l’envie de s’occuper d’un animal. Nous avions volontairement distingué ces propositions. Près de 45 % des répondants indiquent souhaiter un chien pour faire une activité sportive ou de loisir, et 22 % le veulent « pour les enfants ». Ces derniers arguments ne sont pas rares, mais ils sont questionnant. Certaines races de chiens, ou même certains individus d’une race, ne sont pas adaptés à une activité sportive, et ce n’est pas l’enfant qui va s’occuper de l’animal. Ces démarches peuvent ainsi être problématiques si elles ne sont pas accompagnées d’une réelle réflexion concernant les besoins de l’animal, avant les siens ou ceux de l’enfant.
De plus, le tiers des personnes souhaitant acquérir un animal dans l’année, chien ou chat, déclaraient vouloir combler une solitude. Enfin, 10 % d’entre elles assument souhaiter un chat pour chasser les nuisibles ou un chien pour la garde.
Il n’est pas question ici de juger les raisons pour lesquelles les personnes souhaitent un animal, mais de rappeler que le choix d’en acquérir un doit passer par une réflexion concernant les conditions de vie qui lui seront offertes.
L’enquête montre ainsi que certaines personnes préfèrent ne pas prendre un animal plutôt que lui offrir des conditions de vie inadaptées, mais qu’en général, il est encore essentiel de communiquer sur les besoins d’un animal avant son acquisition, pour que la décision soit prise en connaissance de cause et assurer une relation apaisée et durable avec lui.
Note : cette enquête a été proposée de façon bénévole et apolitique, car les résultats m’intéressaient sur un plan personnel, professionnel, et également pour faire suite à mon mémoire de diplôme de droit animalier. Les résultats présentés ici ne sont pas exhaustifs, ce sont les principaux.
[1] Siciliano-Richard Lorenza. « Les chiens de compagnie en ville, quelles solutions pour une bonne cohabitation ? » Savoir Animal N°16, et « Les chats de compagnie en ville : des attentes opposées. » Savoir Animal N°17.
Lorenza Siciliano-Richard
Docteur vétérinaire