Le 14 novembre dernier, lors de l’examen de la proposition de loi visant à interdire la corrida aux mineurs de moins de 16 ans, la sénatrice Cécile Cukierman a tenu des propos scandaleux. Choquants et irrecevables, les mots prononcés ont relativisé les souffrances infligées aux taureaux pendant les corridas, ainsi que foulé aux pieds l’éthique la plus élémentaire en matière de définition de la violence.
Des propos d’une violence inouïe
Nous, en tant qu’associations et militants de la protection animale, sommes à la fois consternés et outrés par les déclarations de la sénatrice. Depuis la tribune, Madame Cukierman a affirmé sans sans détours :
« La corrida est reconnue comme une culture. Est-ce que c’est violent d’emmener un enfant de 6 ans au Louvre pour voir la nudité des statues grecques ? La violence, chacun peut la définir. »
Un argument culturel irrecevable
L’argument culturel qui peut s’entendre à la fois d’un point de vue artistique et intellectuel et à la fois en tant que phénomène civilisationnel est hors du champ de ces deux acceptions. Cet argument, souvent avancé par les défenseurs de la corrida, se heurte à des faits incontestables. En juin 2015, le Conseil d’Etat a définitivement acté que la corrida était exclue de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Bercy a également confirmé que le taux de TVA applicable à cette pratique ne pouvait être calqué sur celui des spectacles vivants. Autrement dit, la corrida ne rentre pas dans le cadre des spectacles vivants à visée culturelle. Tous sondages confondus, c’est 80 % des Français qui ne veulent plus voir cette pratique sur le territoire national. Dans les régions du sud, une écrasante majorité de nos concitoyens rejette la corrida. Son implantation en France date de 1853 et dès le départ, elle a fait l’objet d’une contestation massive : illégale et réprimée judiciairement jusqu’en 1947, elle ne doit son triste salut qu’à une exemption de poursuites pénales dans certaines communes. La corrida et le Code pénal
Ainsi, alors que le Code pénal français (article 521-1) condamne les sévices et les actes de cruauté envers les animaux, la dérogation accordée au petit monde de la tauromachie espagnole autorise certaines communes du sud de la France à organiser des corridas. Cela permet d’infliger des actes de barbarie aux taureaux, au prétexte fallacieux d’un « héritage culturel » qui n’est que pur fantasme. Pourtant, les faits sont là : cette pratique occasionne aux taureaux des souffrances extrêmes qui trouvent leur terme dans une mort savamment orchestrée. Dès le premier sévice, l’animal est projeté dans son agonie.
Réaction des associations
Face aux déclarations de Madame la sénatrice, nous, associations de protection animale, réagissons avec fermeté. Nous rappelons que la corrida, outre son rejet de la sphère culturelle, n’a pas sa place dans une société respectueuse du vivant. Mettre en parallèle la violence délibérée infligée à un être vivant et la contemplation de l’art dans un musée est une erreur morale. La culture élève l’Homme, elle ne le rabaisse pas. Elle témoigne du renoncement à soi pour un projet plus haut qui transcende le temps et rassemble les individus.
Nous appelons la sénatrice Cécile Cukierman à revoir sa position sur la corrida et à soutenir une interdiction totale de cette pratique en France. Nous devons avancer dans la reconnaissance des droits des animaux et mettre fin à la cruauté inutile et archaïque qui caractérise les spectacles taurins. En tant que société humaine, il est de notre devoir d’écouter les experts et les citoyens qui demandent le respect de la vie animale et la fin de la corrida.
Photo : © Ensemble pour l’Abolition
Il y a un commentaire
Gaston F.
16 décembre 2024 à 13h09
Se servir des enfants pour arriver à ses fins est pathétique. Si assister à une corrida avec ses parents engendrait des comportements violents cela se saurait ( épargnez moi les études “scientifiques” de militants anti-corrida..).
Si vous voulez vraiment protéger les enfants, allez démanteler les points de vente de drogue qu’ils peuvent croiser sur le chemin de l’école, là il y a de la violence, là ils ont besoin de protection. Mais là il faut du courage ….