EnvironnementActualités“D’anciennes fermes transformées en forêts”: une véritable solution pour le changement climatique et la biodiversité. 

Forests From Farms3 octobre 202439 min

Le changement climatique et la dégradation de la nature sont deux problèmes auxquels nous ne pouvons plus échapper. Pour les particuliers, il est souvent difficile de décider de ce que l’on peut réellement faire soi-même pour résoudre ces problèmes. Modifier son régime alimentaire, remplacer sa voiture par une voiture électrique, moins voyager, moins prendre l’avion, isoler sa maison et adapter son chauffage? Tout cela est important et utile. Mais on ignore souvent qu’il existe aussi des associations qui œuvrent avec des projets concrets pour lutter ensemble contre le réchauffement climatique et la protection de la nature, et qu’on pourrait les soutenir. L’une de ces associations est la nôtre: “Forests From Farms” en Vendée, qui vise à Combattre le Réchauffement Climatique en Transformant les Fermes en Forêts,  ainsi que  par le ré-ensauvagement. Pour compenser le CO₂ (une des plus importants gaz à effet de serre), avec l’aide de nos adhérents nous achetons des terres, nous plantons des arbres et pour restaurer la biodiversité on laisse la nature faire son œuvre dans nos terres.  Comment cette association a-t-elle vu le jour et pourquoi est-il important de rejoindre ce projet? C’est ce qu’on vous explique dans cet article.

Les rapports sur le changement climatique sont alarmants. 

Le 3 septembre 2024 Reporterre : “L’été a été plus chaud que la normale pour la 3e année de suite” [1]

Le 2 septembre 2024 Libération: “L’Afrique est frappée «de manière disproportionnée» par le réchauffement climatique, alerte l’ONU” [2]

Franceinfo: Biodiversité : 16,7% des espèces sont menacées d’extinction en France, selon un nouveau bilan [3]

Selon l’Office Français de la biodiversité, 68 % des populations de mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Et 40 % des insectes sont en déclin au niveau mondial. Depuis 30 ans, la masse des insectes diminue sur Terre de 2,5 % chaque année, alors qu’au moins 75 % des cultures alimentaires en Europe dépendent des insectes pollinisateurs.

Et ainsi de suite. On ne peut plus vraiment échapper à ce genre d’actualités sur le climat et la nature. Nous sommes  affectés, tous et toutes, par leurs effets négatifs.

L’un des plus grands contributeurs des émissions qui causent le changement climatique est l’agriculture, en particulier l’élevage de bétail (20% selon le nouveau Rapport grand public 2024 publié par le Haut Conseil pour le Climat [4] le 27 septembre dernier). En partie, sont responsables les émissions directes de gaz à effet de serre, tels que le méthane, les oxydes d’azote et le dioxyde de carbone, mais un autre composant est le changement d’utilisation du sol. D’après les données de certaines recherches, changer des terres cultivées en pâturage augmente la quantité de carbone stocké dans le sol par 19%, tandis que créer des forêts secondaires peut l’augmenter de plus de 50%. Créer une petite forêt (une mini-forêt) à partir de terre cultivée enlève aussi du dioxyde de carbone de l’atmosphère pour le stocker dans les arbres. C’est donc ce que nous avons décidé de faire sur notre propriété. 

Nous sommes un couple, ingénieur et architecte/lobbyiste, qui a déménagé d’une toute petite maison avec un petit jardin aux Pays-Bas à une ancienne ferme en Vendée, il y a maintenant 22 ans. Avec un terrain de 3,5 hectares, on peut beaucoup faire. Nous avions de grands projets à l’esprit au départ. Passionnés par des plantes exotiques, la culture de palmiers et de bananiers ou même la création d’un labyrinthe pour enfants, en sont deux exemples. Mais comme nous étions déjà depuis un petit moment préoccupés par le climat, l’environnement et la nature (les problèmes de dégradation de la nature et le réchauffement de la planète datent des années ’70), nous avons enfin décidé de planter des arbres.

Les premières années, nous avions encore fauché le champ. Le problème se pose qu’avec un tracteur équipé d’un gyrobroyeur l’on coupe aussi les nouvelles pousses d’arbres qui s’y étaient plantés toutes seules. Nous avons donc décidé de laisser le tracteur sous le hangar. On a fait creuser un petit étang qui est d’une grande valeur pour la biodiversité et bien sûr, une source d’eau potable pour les animaux pendant l’été. En principe, nous laissons les arbres morts sur pied ou à l’abandon, sauf s’ils risquent de causer des nuisances. Les arbres morts sont d’une valeur inestimable pour les insectes et leurs larves.

À un moment donné, nous avons pris conscience qu’en raison de l’évolution de l’agriculture, de plus en plus de fermes seraient abandonnées et que des terres agricoles seraient libérées à d’autres fins. Pour éviter que toutes ces terres ne soient accaparées par d’autres secteurs tels que l’industrie, l’habitation ou d’autres projets de construction, nous avons eu l’idée de créer une association qu’on a appelé “Forests From Farms”. L’association a pour  but d’acheter d’autres terres abandonnées afin de faire pousser des arbres et de redonner ces terres à la nature, en se servant de notre propre terrain comme exemple de ce qui en résulte pour la nature et la biodiversité.

Photo avant de 2002
Photo après


La plantation de nouveaux arbres est souvent considérée comme la solution pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais un grand nombre de ces jeunes pousses ne survivent pas, surtout les premières années, en raison de la sécheresse estivale. Il faut donc les arroser régulièrement, ce qui n’est pas toujours facile et est gourmand en eau, cette ressource précieuse. Il y avait déjà beaucoup d’arbres matures sur et autour de notre propriété. Ce que nous avons constaté, c’est que c’est précisément autour de ces vieux arbres établis que les nouveaux arbres se développent mieux. Si on les laisse tranquilles, la forêt s’étend lentement au fil du temps. Actuellement, une grande partie des 3,5 hectares est constituée de jeunes arbres qui ont survécu aux derniers étés, même à la canicule de 2022.

Photo du plan 2011 / 2022

Une autre tendance actuelle est de planter des jardins pour la biodiversité, mais ce n’est pas toujours fait de la bonne façon. On enlève ce qu’on considère comme des “mauvaises herbes”, qui sont pourtant des plantes de grande valeur pour la nature,  pour semer et planter d’autres plantes – choisies selon des critères humains ! – pour attirer des insectes, comme les abeilles. Mais en enlevant les orties, par exemple, on supprime des plantes nourricières précieuses pour les chenilles de plusieurs espèces de papillons comme le Paon du jour, le Vulcain ou moins connu le papillon Carte géographique (photo).

Et quand on enlève toutes les ronces et tous les chardons, considérés comme piquants, envahissants et donc pas désirables, on supprime une source de nourriture importante pour les abeilles, les papillons et d’autres insectes.  Nous ne touchons pas à ces plantes, à moins qu’elles ne causent une nuisance pour les terres qui nous entourent. En plus, si une plante s’est semée à un endroit spécifique, cela veut dire qu’elle se sent bien où elle est et qu’elle a plus de chances de survivre sans arrosage. La seule chose que nous faisons est de tondre quelques chemins pour que le champ reste accessible et de faucher une section occasionnelle pour donner une meilleure chance aux fleurs sauvages, car sinon le champ deviendrait simplement envahi par les graminées. 

Photo du papillon Carte géographique


Le résultat après 22 années pour la biodiversité est étonnant. Presque tous les jours, nous nous promenons sur les mêmes sentiers. Voir pousser les arbres, les plantes, les champignons et constater les changements et observer les animaux est un exercice fascinant. C’est vraie que pour nous c’est devenu un havre de paix, un petit paradis, un espace de bien-être, d’inspiration, de pédagogie et de ressourcement.  Nous apercevons et apprenons de nouvelles choses presque tous les jours. 

Depuis 2022 nous  avons commencé un inventaire de papillons et d’autres animaux. Nous avons pu identifier une quarantaine d’espèces de papillons du jour  et de nombreux autres insectes comme la mante religieuse, environ 70 espèces d’oiseaux, de nombreuses espèces de reptiles, et des mammifères comme la genette. La genette est une espèce protégée en France et en danger de disparition. Ce type de mini-forêt fournit évidemment de la protection et de l’ombre. Il a même été prouvé qu’à  proximité d’une mini-forêt les températures sont plus basses qu’ailleurs. Un petit poumon vert au cœur des  champs agricoles elle capte le CO₂ et produit de l’oxygène.

Une genette @Forestsfromfarms (youtube.com)

Afin de garantir le calme et la tranquillité dans notre forêt de Forests From Farms aujourd’hui si riche en faune et en flore, il est inévitable d’interdire la pratique de la chasse. Il s’agit bien entendu d’une conception difficile à accepter pour une société qui considère encore la chasse comme la seule solution pour freiner la soi-disant la surpopulation de certaines espèces animales.


L’association  Forests From Farms s’engage donc également à montrer aux décideurs les méfaits de la chasse et les alternatives qui existent et sont déjà mises en place  dans d’autres parties du monde, comme par exemple la contraception du cerf et du sanglier si besoin. Il va de soi qu’à l’heure actuelle, trop de terres sont occupées par l’homme et par l’agriculture et qu’il ne reste pas grand-chose pour la faune sauvage, ce qui a pour conséquence que des animaux tels que les sangliers et les renards se déplacent vers les villes (par exemple Marseille). L’association Forests From Farms peut également jouer un rôle à cet égard. Plus nous sommes nombreux, plus nous  pouvons acheter des terres avec nos adhérents, et ainsi plus de terres deviennent disponibles pour la faune sauvage.


Si vous souhaitez en savoir plus sur notre projet, et peut-être vous joindre à nous, veuillez consulter notre site internet  : https://forestsfromfarms.org/FR.php,

notre page Facebook : https://www.facebook.com/forestsfromfarms où nous vous tiendrons au courant de nos projets tels que l’étude des papillons et des oiseaux sur le terrain et où nous publions de nombreuses photographies,

 X :  https://x.com/farmstoforest.

N’hésitez pas à nous envoyer un e-mail pour plus de renseignements à forestsfromfarms@gmail.com

Marit de Haan

Forests From Farms


[1] https://reporterre.net/L-ete-a-ete-plus-chaud-que-la-normale-pour-la-3e-annee-de-suite

[2] https://www.liberation.fr/international/afrique/lafrique-est-frappee-de-maniere-disproportionnee-par-le-rechauffement-climatique-alerte-lonu-20240902_4WDBNIKTMJAUNISEOYD3ZIAJTI/

[3] https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/biodiversite-16-7-des-especes-sont-menacees-d-extinction-en-france-selon-un-nouveau-bilan_6395707.html

[4]https://www.hautconseilclimat.fr/publications/rapport-grand-public-2024/


Forests From Farms
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Association de protection de la Nature

3 commentaires

  • Nigel Franks

    4 octobre 2024 à 13h52

    Il est intéressant de lire un commentaire de quelqu’un qui ne connaît pas le contexte mais qui estime avoir une opinion valable. Il est très révélateur de cette personne et montre ses préjugés, mais ne dit rien sur le sujet qu’elle commente.

    Une approche intelligente consiste à poser des questions plutôt que de tirer des conclusions hâtives n’est-ce pas?

    Par exemple : pourquoi pensez-vous qu’une pratique telle que l’élevage de bovins dont l’indice de consommation est inférieur à 10 % est importante pour l’alimentation humaine ? Si vous vous souciez de nourrir les gens, vous devriez certainement soutenir la réduction d’une pratique qui consiste à donner 10 calories à un animal pour produire une calorie de nourriture pour les humains.

    Concernant les dégâts: il faut savoir que les que “charges dégâts” ne veut pas dire “les indemnisations aux agriculteurs”. On voit du CR de l’AG de la FDC85 – “Les charges dégâts de grand gibier s’élèvent à 468 k€ contre 462 k€ en (n-1) soit une hausse de 6 k€ qui s’explique notamment par la stabilité des indemnisations aux agriculteurs pour s’établir à 246 k€ contre 243 k€ en (n- 1) et des autres charges directes et indirectes.”
    https://chasseur-vendeen.fr/wp-content/uploads/2024/05/Rapport_complet_AG_2024_version_externe-60.pdf
    Donc 246k€ (moins de 50 centimes par habitant de la Vendée) en indemnisations mais 216k€ en frais de gestion, paiements aux estimateurs, l’agrainage et les clôtures.

    Pourquoi pensez-vous qu’une zone sans chasse provoque la prolifération des sangliers ? Les animaux se déplacent partout. Voulez-vous que la chasse soit autorisée dans les villes, les centres commerciaux, les zones d’activités et sur les routes ?

    Concernant la genette : elle profite de la nourriture destinée à un chat.

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  • Gaston F.

    4 octobre 2024 à 10h25

    encore un exemple d’une écologie complètement déconnectée :
    _on fait disparaitre les agriculteurs (qui vous nourrissent) en les privant de terres et bâtiments.
    _l’abandon de ces terres, non chassables, impacte les agriculteurs mitoyens qui subissent les dégâts.
    _et le comble: pour “ré-ensauvager”, on donne des croquettes aux genettes!!!

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    • Marit de Haan

      4 octobre 2024 à 18h51

      On ne fait rien, monsieur. Des fermes sont abandonnées un peu partout en France (agriculture intensive; les petites n’ont plus de chance de résister aux plus grandes et changement de demande de la population pour avoir une nourriture plus saine, meilleur pour le climat et l’environnement); et en ce qui concerne les croquettes qui sont là pour un chat sauvage, on voit clairement que la genette ne les touche pas du tout.

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