“Je ne me morfonds jamais sur ce que je ne peux pas changer.” Cette phrase prononcée au détour d’une interview pourrait être la devise de Virginia Markus, fondatrice de Co&xister. Pour ne pas se morfondre, dans un monde qui fait subir les pires cruautés aux animaux, l’association agit sans relâche, et elle ajoute désormais une nouvelle corde à son arc.
Notre association, présente en France et en Suisse, a pour mission de montrer concrètement comment coexister avec les autres animaux dans un rapport réellement respectueux de chaque individu.
Jusqu’à présent, nos champs d’action comprenaient :
- un sanctuaire pour animaux rescapés de boucherie, qui nous sert aussi de lieu de formation pour les humains ;
- un programme d’accompagnement à la reconversion pour les éleveurs et les éleveuses, afin de les aider à démarrer une nouvelle vie sans exploitation animale.
Une mésaventure nous a poussées à inclure un troisième volet : le plaidoyer politique.
En avril dernier, une clinique vétérinaire nous a ordonné de faire euthanasier Fortuna, une des vaches que nous accueillons. Selon eux, Fortuna “souffrait le martyr” en raison d’une déformation aux pieds. Parce que nous avons refusé de la faire tuer, la Direction de la clinique nous a dénoncées auprès du service vétérinaire.
Fortuna a de l’arthrose dans ses membres postérieurs en raison d’années de négligence passée, en élevage laitier. Depuis son arrivée au sanctuaire et grâce à la mise en place de soins quotidiens, elle a retrouvé une mobilité quasiment parfaite et une réelle joie de vivre. Ses pieds la gênent parfois sur les sols plus durs mais ne sont en aucun cas source d’une souffrance insoutenable nécessitant une euthanasie.
Aucune clinique vétérinaire n’ordonnerait une euthanasie pour de l’arthrose sur un animal de compagnie, ni ne menacerait de porter plainte contre son propriétaire qui veut simplement le soigner. L’hôpital a sans doute pensé bien faire, cependant, les vétérinaires n’ont que très peu de formation sur les animaux dits “de rente”, ce qui peut amener à de très mauvaises décisions.
Ceci est largement dû au statut légal de ces animaux, qui restent considérés comme des biens de consommation, même lorsqu’ils quittent la chaîne agroalimentaire et sont adoptés par des sanctuaires ou des particuliers.
Par ailleurs, plusieurs autres sanctuaires et refuges suisses ont été forcés à faire tuer des animaux en bonne santé, dû à des décisions vétérinaires ou administratives abusives.
Cette problématique dépasse de loin le cadre d’un cas isolé et exceptionnel.
Nous avons donc décidé de demander l’ouverture du statut d’animal “de compagnie” pour ces animaux.
Nous portons cette demande en Suisse, en France, et auprès du Parlement européen, et nous avons d’ores et déjà entamé les rencontres politiques pour permettre à ce projet d’aboutir. Notre association est soutenue dans cette démarche par des organisations précieuses telles que l’OABA, le Réseau National des Refuges Animalistes, ou encore notre partenaire de longue date Hof Narr.
Ce changement de statut ne concernera qu’un petit nombre d’animaux, mais notre objectif est également de lancer une réflexion sociétale à large échelle. Pour cela, nous sommes en train de co-créer un évènement intitulé le Forum de l’Animal, dont la première édition se tiendra en septembre 2025.
Cet évènement, ouvert au grand public, réunira des avocats et avocates, des vétérinaires, ou encore des inspectrices et inspecteurs des services “bien-être animal”. Ensemble, nous interrogerons les catégories légales que nous attribuons arbitrairement aux animaux, et nous réfléchirons aux façons de faire bouger les lignes.
Vous pouvez d’ores et déjà suivre l’évènement sur les réseaux sociaux afin d’obtenir des informations sur son déroulement.
Page Facebook du Forum de l’Animal : facebook.com/forumanimalch
Compte Instagram du Forum de l’Animal : instagram.com/forum_animal_ch
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Photo : Virginia Markus et Fortuna, quelques jours après le diagnostic de douleur “si insupportable” que Fortuna aurait dû être euthanasiée
Astrid Prévost
Astrid Prévost, chargée de développement de l'association Co&xister
